Bettembourg s'arrime à la nouvelle route de la soie
Bettembourg s'arrime à la nouvelle route de la soie
Rarement une locomotive aux couleurs des CFL et son chargement de 41 conteneurs présents sur le centre multimodal de Bettembourg-Dudelange n'auront autant attiré les lumières. Ce convoi d'une centaine de mètres fait exception car il concrétise trois années d'intenses échanges entre le Luxembourg et la Chine.
Annoncée en grande pompe par l'agence officielle chinoise en décembre 2015 et au coeur d'un accord sino-luxembourgeois en janvier 2016, cette connexion ferroviaire directe de plus de 10.000 kilomètres aura mis du temps à se mettre en place.
Et ce, principalement en raison des difficultés, côté luxembourgeois, à trouver le volume nécessaire de marchandises à transporter vers l'Empire du Milieu. Une difficulté que ne connaissent pas les Chinois, désireux d'augmenter encore et toujours le volume de leurs exportations afin de consolider leur croissance.
Au final, le train test parti jeudi vers la ville de Chengdu contient un ensemble hétéroclite comprenant aussi bien «des pièces automobiles, du vin ou des équipements médicaux», révèle Barbara Chevalier, directeur stratégie de CFL Multimodal, en charge du projet côté luxembourgeois.
Autant de marchandises venues principalement de la Grande Région mais aussi de zones plus lointaines, comme l'Espagne. L'idée étant de positionner le Luxembourg comme plateforme multimodale de première importance sur le Vieux Continent.
Si de telles liaisons ferroviaires relient depuis le début des années 2010 l'Europe et la Chine, via l'Allemagne principalement, le Grand-Duché entend tirer son épingle du jeu «en tirant parti de son agilité», selon les mots de Félix Braz (Déi Gréng).
Objectif: un aller-retour hebdomadaire
Comprenez la mise en place d'une stratégie «intégrée dans une logique de porte-à-porte très différente de celle en vigueur sur les terminaux de Duisburg ou d'Hambourg», résume Barbara Chevalier. En clair, le Luxembourg entend proposer à ses clients - chinois ou européens - une livraison au coeur même des différents écosystèmes.
Et ce, du fait que Chengdu se trouve dans un rayon de 500 km de 25% du PIB chinois et que le centre multimodal de Bettembourg-Dudelange en fait de même au niveau européen. Pour garantir le succès de l'opération, reste désormais à rendre pérenne cette liaison. Un objectif d'un aller-retour hebdomadaire «dans un premier temps» que CFL Multimodal espère accomplir «d'ici la mi-2019».
En attendant, le premier convoi test doit parcourir l'équivalent d'un quart de la planète en 15 jours, l'arrivée étant prévue le 19 avril prochain. Une durée nécessaire pour traverser notamment une dizaine de pays avant d'arriver à bon port.
