AR Spectra gagnée par la fièvre covid
AR Spectra gagnée par la fièvre covid
Deux ans qu'AR Spectra, à Foetz, marie l'univers médical avec celui de la réalité augmentée. L'électronique au service du soignant. Et Cédric Spaas, fondateur de cette start-up, de citer volontiers ces lunettes développées ici qui, une fois sur le nez du chirurgien, lui permettent de disposer de toutes les données patients dans son champ de vision. Un gadget? «Non, un outil adapté à cette profession. Plus la peine de détourner son regard pour vérifier sur tel écran le rythme cardiaque, la pression artérielle ou l'oxygénation du patient. Tout est sous ses yeux, et donc l'attention reste focus sur le geste à accomplir.»
Aujourd'hui, ces mêmes montures pourraient bien devenir une des pièces majeures de la traque à l'infection covid. L'idée étant d'intégrer à l'accessoire des capteurs thermiques permettant de repérer à distance tout individu fiévreux. Facile à dire, plus technique à réaliser.
«Bien sûr que l'on a tous en tête les images des caméras thermiques des aéroports. Mais il s'agit de système encombrant avec tour, support, PC. Nous ne voulons pas une borne de 2 kg mais un objet qui fasse 200 gr». Au-delà le poids ne faciliterait guère l'usage du dispositif.
Pour l'heure, le prototype développé depuis le printemps dernier affiche encore un léger surpoids. «250 grammes... Trop lourd encore même si c'est déjà un petit exploit d'avoir réussi à concentrer capteurs, programme d'analyse des données et système d'affichage en si peu de volume.» La chasse au superflu se poursuit donc, tout comme les équipes d'AR Spectra vont maintenant se rapprocher des autorités pour être «cliniquement approuvé».
Car tout le but de cette recherche est bien de faire apparaître cette innovation dans le champ des produits à la précision irréfutable. «Ce n'est pas la précision à 1 ou 2 degrés que nous cherchons, mais un contrôle bien plus fin que cela. Avoir 37 ou 39° de fièvre, ce n'est pas la même signification.» Et les équipes dirigées par Cédric Spaas de tenter d'atteindre cette haute précision de capture de température
«Ces lunettes auraient comme utilité d'être portées par un agent d'accueil dans le hall d'un immeuble de bureaux, à l'entrée d'un bâtiment public, dans les allées d'un aéroport, dans la rue, ou pour équiper les agents de police lors de contrôles. Rien qu'en regardant la foule, un signal visuel apparaîtrait sitôt une fièvre potentiellement suspecte détectée.» Bien isoler éventuellement un porteur du covid comme de toute autre infection, en fait.
Il faut donc qu'en plus de sa légèreté, la technologie embarquée dans branches et montures puisse rester fiable dehors comme dedans, au vent frais comme sous un chaud soleil, par météo humide comme par temps sec sans jamais perdre sa précision de mesure. Un challenge de plus qui motive AR Spectra depuis qu'elle a répondu à l'appel du ministre de l'Economie, Franz Fayot (LSAP) qui, au printemps dernier, invitait les start-up à elles aussi apporter leur créativité dans la lutte anti-covid.
Garder ses distances
Clairement, une partie des 150.000 euros de prime proposée par cette initiative de Luxinnovation, a permis au projet d'avancer à grands pas. «Il s'inscrit bien dans le cadre de cette épidémie. Ces lunettes sont plus 'safe' qu'un contrôle avec un thermomètre électronique manuel où contrôleur et contrôlé se retrouvent forcément à quelques centimètres l'un de l'autre. Pas vraiment l'idéal pour éviter la propagation d'un virus.» Là, la vérification se fait à bonne distance et permet donc de prendre un maximum de précautions à l'heure d'annoncer au sujet repéré qu'il est fiévreux.
Autre avantage : pour léger qu'il soit, le système d'optique permet de contrôler des masses de gens importantes sans avoir à interrompre le flux. Utile donc au milieu d'une foule de passants, ou de badauds dans un centre commercial. «Nous n'en sommes pas encore au stade de la commercialisation, mais nous avons déjà un prototype qui démontre que la technologie fonctionne. Forcément pour la suite, il faudra d'autres budgets complémentaires», croise les doigts Cédric Spaas.
Suivez-nous sur Facebook, Twitter et abonnez-vous à notre newsletter de 17h.
