180.000 salariés en chômage partiel
180.000 salariés en chômage partiel
«C'est la plus grande action d'assistance au secteur privé jamais entreprise.» Pour ceux qui doutaient encore de l'importance du plan de stabilisation lancé par l'Etat, les voilà placés devant la réalité. Et le socialiste Dan Kersch, dans son costume de ministre du Travail, n'a pas manqué de le rappeler, mardi, en commentant l'action gouvernementale. «Dans d'autres pays, on laisse mourir les entreprises les plus faibles pour assurer la survie des plus grandes. Pas au Luxembourg.»
Au-delà du discours, il y a les chiffres qui le prouvent. En un mois, les finances publiques ont ainsi versé près de 372 millions d'euros aux sociétés ayant demandé à bénéficier des mesures de chômage partiel. Le ministère du Travail avait prévu un milliard pour tenir deux mois; ses perspectives étaient justes. Jeudi, un nouveau comité de conjoncture viendra augmenter encore un peu plus le nombre des entreprises et salariés concernés par cette seule mesure. Le dernier bilan parlait de 73.000 employés concernés, le chiffre aujourd'hui se monte à 180.000 hommes et femmes dont 80% du revenu est désormais pris en charge par l'Etat.
L'Adem a ainsi dû traiter un afflux jamais vu de demandes de chômage partiel. En deux semaines, en mars, 163 millions d'euros ont ainsi pu être versés aux entreprises pour redistribution. «En cette mi-avril, 7.000 sociétés ont déjà reçu des avances», a annoncé le ministre. Sachant que pour la fin du mois, Dan Kersch s'attend toujours à un nombre de dossiers admis tournant autour des 9.000 cas.
Evidemment, bâtiment et hôtellerie-restauration constituent deux des secteurs parmi les plus "bénéficiaires". Mais toute l'économie luxembourgeoise est demanderesse. Finances et assurances figurent, pour le moment, parmi les parents pauvres de cette redistribution. Là, le ministre assume : «Il faut différencier ceux qui ont les épaules larges, des autres». Après tout, le gouvernement a déjà fait l'effort d'ouvrir le dispositif à l'ensemble des domaines d'activité, il ne peut servir tout le monde sans être a minima regardant sur la situation financière réelle de ceux qui tendent la main.
D'ailleurs, l'administration n'ouvre pas les vannes sans prêter attention. Déjà plusieurs fraudes ont été constatées, et les dossiers transmis au Parquet. Par ailleurs, le dispositif du chômage partiel, pour étendu qu'il soit, a aussi été restreint pour quelques mauvais élèves qui avaient du retard, avant la crise du covid-19, dans le règlement de leurs charges sociales. Le barème est simple : moins 10% d'aides aux sociétés ayant moins de trois mois de retard, moins 20% pour celles dépassant le trimestre. Les 4.600 salariés concernés apprécieront... Mais là encore «question de solidarité nationale», évoque le socialiste.
L'effort financier, le gouvernement est encore prêt à l'assumer coûte que coûte. Aussi, le ministre du Travail balaye-t-il toute interrogation autour du montant de l'enveloppe maximale à affecter à la mesure de chômage partiel dans les semaines à venir. Pour Dan Kersch, c'est une question de principe : «Pas question de savoir jusqu'où on veut aller, mais bien de répondre à une nécessité (...) On ne peut pas laisser crever les sociétés de manière consciente».
D'ailleurs, le ministre des Finances a déjà anticipé la flambée de toutes les dépenses publiques en lien avec cette crise aussi sanitaire qu'économique. Vendredi, les députés luxembourgeois devraient ainsi autoriser Pierre Gramegna à pouvoir emprunter jusqu'à 3 milliards pour financer les mesures d'aides exceptionnelles adoptées. Avec assurément le chômage partiel en tête de la facture des 8,8 milliards d'euros envisagée par le Premier ministre.
- Hotline chômage partiel : 8002 9191
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