Le «World Press Photo 2020» s'expose au Grund
Le «World Press Photo 2020» s'expose au Grund
Ils sillonnent jour après jour le monde, leur appareil photo à la main. Pour ramener dans les rédactions leurs clichés. Ils, ce sont les photographes de presse, ces témoins du monde en perpétuel mouvement. C’est pour leur rendre hommage et avant tout pour documenter ce travail journalistique que la Fondation «World Press Photo» présente chaque année une sélection des meilleures photographies de l’année.
Après la Cité de l’Image de Clervaux en 2010 et la galerie Am Tunnel de la BCEE en 2013, l’exposition itinérante «World Press Photo» fait ces jours-ci une halte au Centre Neimënster, à Luxembourg-Ville. Pour son retour, le rendez-vous reste fidèle à sa mission primaire et principale: les journalistes photographes primés présentent le monde tel qu’ils le voient ou le vivent. Avec tous ceux qui vont par la suite découvrir leurs clichés, ils veulent documenter, partager.
Le concours, car c’est bien d’un concours qu’il s’agit, s’adresse à des photographes professionnels qui tous s’engagent à respecter une charte déontologique bien définie. Les photos soumises au jury par la suite sont ensuite jugées selon plusieurs critères bien précis. Alors que la fiabilité des faits doit être assurée, les jurés professionnels recherchent une justesse, une équité et surtout une pertinence visuelle. Les questions d’ordre technique ne sont pas primordiales.
Le photographe de l’Agence France Presse Yasuyoshi Chiba remporte en 2020 avec «Straight Voice» le premier prix de la catégorie des informations générales. Le cliché a été pris en 2019 au Soudan lors des émeutes contre le dictateur Omar al-Bashir. Le photographe avec son appareil, capte, en centrant son regard sur un manifestant, un moment, une émotion, un cri de révolte. Témoin, il transmet ce qu’il voit en direct. Cette idée de l’instantané, comme un leitmotiv, traverse les différentes salles voûtées de l’exposition à Neimënster.
Des visages apeurés, des personnes isolées, des manifestants battus, des scènes de guerre, des génocides, des émeutes ont fait l’actualité en 2019. En Afghanistan, à Hong Kong, en Irak, en Turquie, en Afrique du Sud, au Guatemala, en Syrie, aux Etats-Unis... tous ces témoignages d’un journalisme visuel, plus nécessaires que jamais, ne connaissent pas de frontières. Tous les sujets sont abordés, la liberté d’expression elle aussi ne connaît ni frontières, ni limites.
Les photos primées ont bien souvent un deuxième point commun. Derrière les faits, aussi traumatisants soient-ils, transpercent des destins d’hommes, femmes et enfants. Les photographes l’ont bien compris en présentant leurs personnages plongés dans un contexte bien particulier. Rien n’est posé, figé, tout est en mouvement, l’action fait partie intégrante de ces instantanés. Plusieurs catégories thématiques sont proposées aux visiteurs: informations générales, sujets contemporains, portraits, actualités, environnement, nature, sports et projets à long terme.
Les 157 photos de l’exposition témoignent de la diversité des propos, des sujets et des approches. Et à chaque fois, cette brûlante actualité qui rôde. «World Press Photo» ne doit pas faire oublier ses origines et ses missions. Et pourtant, malgré le côté menaçant et sombre des sujets évoqués, les photos exposées sont certes graves et poignantes, mais elles se refusent toujours à commenter l'actualité. Et gardent en elles, cette infime lueur d’espoir.
A l’image de ces «Gazelles de Gouandé» au Bénin, d’Olivier Papegnies. (catégorie sport). Ces joueuses de foot dégagent une telle rage de vivre, qu’on en oublierait presque tout le reste. Une sacrée bouffée d’oxygène dans ce tourbillon d’événements que nous a réservé 2019.
Un étrange sentiment persiste en sortant de l’exposition. Une fois n’est pas coutume en ces temps de troubles, ici, il n’est pas – encore – question de Covid 19. Heureusement, pourrait-on dire. Sauf que cette exposition dévoile un monde peu reluisant, même sans ce virus. Les 62 panneaux interpellent, choquent et ne font que très rarement sourire... un moment de recul est toujours nécessaire pour comprendre le monde qui nous entoure. Avec «World Press Photo», l’invitation est lancée...
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