Faut-il boycotter Hogwarts Legacy, le jeu sur l'univers d'Harry Potter?
Faut-il boycotter Hogwarts Legacy, le jeu sur l'univers d'Harry Potter?
À l'heure où certains effectuaient leurs très attendus premiers pas à travers le château de Poudlard, d'autres condamnaient les joueurs sur les réseaux sociaux. Le jeu vidéo «Hogwarts Legacy: L'Héritage de Poudlard», basé sur l'univers d'Harry Potter, a suscité une vive polémique au moment de sa sortie sur PS5 et PC, le vendredi 10 février, en raison des propos transphobes de J. K. Rowling, la créatrice de la saga.
Face aux voix qui s'élevaient pour appeler au boycott du jeu, certains s'y sont catégoriquement refusés. C'est le cas de Sacha Weichel, fondateur de l'organisation Sentient Esports. Le Luxembourgeois de 34 ans a commencé à jouer aux jeux vidéos en 2005, et se définit comme un grand fan de RPG, un style de jeu où le joueur contrôle son personnage, à l'image d'Hogwarts Legacy. «J'ai déjà 37 heures de jeu, et je trouve que les développeurs ont vraiment fait un travail incroyable», confie le passionné.
Pour Sacha Weichel, la question du boycott ne s'est jamais posée, ni individuellement, ni même au sein de sa communauté, qui compte une trentaine de membres. «C'est un jeu qui est fantastique, car, si l'on a lu les livres et vu les films, on est dans des conditions idéales pour revivre les émotions que l'on a ressenties il y a quinze ans, en découvrant la saga», poursuit le joueur.
«Pas le meilleur moyen d'agir»
Ce n'est pourtant pas l'esthétique du jeu qui est au cœur des critiques, mais bien les propos tenus par l'autrice des sept tomes déclinant les aventures du sorcier le plus célèbre de la planète. Depuis plusieurs années, J.K. Rowling est ainsi accusée de transphobie. Tout commence en 2018, lorsque la Britannique aime «par accident», selon elle, un message transphobe. La polémique enfle en 2020, quand elle poste cette fois-ci une série de messages niant le vécu et le ressenti des personnes transgenres.
Avant même que l'un des jeux les plus attendus de ce début d'année ne devienne accessible au grand public, les appels au boycott ont logiquement fusé. Au-delà des simples invitations à ne pas acheter le jeu, certaines personnes, à l'image du streamer et ancien employé de studios de jeux vidéo Will Overgard, ont appelé à ne pas créer de contenu autour du jeu, sur YouTube ou autres plateformes.
Si Sacha Weichel indique comprendre ces «critiques dont tout le monde a entendu parler», le joueur estime que «ce n'est pas le meilleur moyen d'agir contre J.K. Rowling». Bien qu'étant le cerveau derrière l'univers tout entier du sorcier à lunettes, cette dernière n'a aucunement participé au développement du jeu, comme se sont évertués à le répéter les créateurs d'Hogwarts Legacy ces derniers mois.
Il y a des opinions qui se cristallisent, et le secteur entier du jeu vidéo est jeté à la poubelle par certaines personnes.
Sacha Weichel, joueur et fondateur de Sentient Esports
«Pourquoi ne pas s'en prendre à Lego, qui a aussi créé des jeux sur l'univers d'Harry Potter, ou encore à Warner Bros, qui a produit les films? Pourquoi choisir le jeu d'un nouveau studio qui a travaillé huit ans pour créer quelque chose de merveilleux pour les fans?», questionne le joueur luxembourgeois. Des interrogations auxquelles il possède une réponse toute trouvée: «Ils savaient que ça allait être un grand jeu, donc c'était aussi leur but: de toucher tout le monde».
Pourtant, s'il lui est impossible d'ignorer que la discussion a fait l'objet d'un très grand nombre de réactions sur les réseaux sociaux, Sacha Weichel ne peut s'empêcher de constater que ces échanges ont eu l'effet inverse de celui escompté par l'appel au boycott. «Je trouve que le chemin que ces personnes ont pris contre le jeu a causé des discussions qui prennent juste du temps et des nerfs, et que les personnes qui se défendent J.K. Rowling sont même plus nombreuses qu'avant.»
Un personnage transgenre
Loin de nier que les propos de l'autrice sont condamnables, le passionné originaire de Differdange ne trouve «pas correct» de «prendre à partie les joueurs». «Il y a des opinions qui se cristallisent, et le secteur entier du jeu vidéo est jeté à la poubelle par certaines personnes», regrette le fondateur de Seintient Esports.
Du point de vue du Luxembourgeois, d'autres actions pourraient être organisées pour dénoncer les propos de l'autrice britannique. «Je n'ai rien contre une manifestation de la part des activistes, voire quelque chose de médiatiquement fort, comme le fait de se rendre aux studios Warner Bros à Londres et se coller aux murs. Si l'on veut dénoncer quelque chose, il faut le faire correctement», assène Sacha Weichel.
L'absence de contenu transphobe à l'intérieur du jeu et l'inclusion d'un personnage transgenre sont loin d'avoir apaisé les tensions. «S'il y a un jeu ou l'on peut intégrer des personnes trans, sans qu'il n'y ait de débat, c'est Hogwarts Legacy, car c'est un monde de magie, où personne ne va remettre en question ce choix», conclut de son côté le joueur, qui a bien l'intention de continuer à explorer le monde des sorciers.
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