Faire ses gammes
Faire ses gammes
Après les transports en commun, les livres scolaires, la garde des enfants, c’est au tour de l’enseignement musical de devenir – partiellement et sous conditions – gratuit. En plus des cours de musique, cette décision concerne également la danse et les arts de la parole et du théâtre. La loi instaurant la gratuité des différentes formations proposées dans les conservatoires et les écoles de musique du pays a été votée la semaine dernière.
Ce qui, pour certains, paraît être une manœuvre purement politicienne au vu des échéances électorales majeures à venir, est pourtant une grande avancée. Au-delà de la simple question pécuniaire – non négligeable certes – la décision du gouvernement est symbolique à maints égards.
Ouvrir les portes d'autres expériences
Garantir un accès libre et étendu à la musique, en particulier, à la culture en général, ne peut être que bénéfique pour l’épanouissement de tout un chacun. Cela a déjà été dit et redit. Jouer d’un instrument, mais savoir aussi manier une langue, s’exprimer est enrichissant à plusieurs niveaux.
A la base de toutes études musicales, figure encore et toujours le solfège, la base inébranlable de tout plaisir musical futur. Matière rébarbative à souhait, l’étude des gammes, clefs, rythmes et autres est comparable aux mathématiques. Comprendre les fondamentaux pour ouvrir les portes d’autres expériences est long et fastidieux.
Persévérance, assiduité et courage finissent par payer, par porter leurs fruits. Pour la pratique musicale qui s’ensuit, bien évidemment, mais aussi dans bien d’autres domaines. La culture de l’effort n’est jamais vaine... surtout à une époque où le moindre effort est souvent prôné.
Ensuite, les études musicales, dès le plus jeune âge, sont le garant du renouvellement, tant par l’âge que par le nombre, du nombre de pratiquants. De cette masse d’instrumentistes disponibles dépendent aussi la vie et survie des nombreux orchestres, fanfares et harmonies du pays, indétrônables piliers de la vie culturelle et associative du pays. D’autant plus que ces ensembles transmettent aussi d’autres valeurs humaines face à l’égoïsme ambiant.
Dénicher les talents de demain
Promouvoir à tout prix les cours de musique ou d’autres disciplines n’est pourtant pas sans risques collatéraux. Comme pour le sport, les espoirs peuvent rapidement devenir frustrations, voire désillusions. Un pays, qui plus est de la taille du Grand-Duché, n’a sans doute pas besoin de cohortes de pianistes, flûtistes, trompettistes, danseurs ou comédiens.
Mais, se donner les moyens de dénicher les talents de demain est une sage décision. Sans forcer, sans porter de jugement de valeur ou de compétitivité sur ceux qui baissent les bras, il faut épauler, accompagner ceux qui en veulent, qui persévèrent.
Les ministres de la Culture successifs n’ont eu de cesse d’insister sur la nécessité d’une professionnalisation du monde culturel, qui ne peut aller que de pair avec un haut niveau de formation. Cela touche tous les aspects de la vie culturelle. Au-delà des simples considérations de prestige, nourrir le terreau de la création et promouvoir toutes les formes de la connaissance doivent être une action fertile à long terme. Bien au-delà du ponctuel passage aux urnes.
Suivez-nous sur Facebook, Twitter et abonnez-vous à notre newsletter de 17h.
