Ecran noir pour les cinémas luxembourgeois
Ecran noir pour les cinémas luxembourgeois
Voilà une année 2020 qui se sera déroulée comme un scénario catastrophe pour les cinémas du pays. A l'arrêt de mi-mars à mi-juin, les salles peinaient depuis à retrouver la foule. S’astreignant à rassurer les amateurs de 7e art, respectant les consignes sanitaires à la lettre, éloignant les programmations pour que le public se croise le moins possible ou surveillant que les spectateurs portent bien leur masque durant la projection et soient à bonne distance les uns des autres. Mais le gouvernement a peu ménagé le suspense : à partir du 26 novembre fini les séances, jusqu'au 15 décembre.
«Presque un soulagement», souffle pour sa part Raymond Massard qui gère le Waasserhaus à Mondorf-les-Bains et le Kursaal de Rumelange. A la tête de l'Asbl Images inanimées, la fréquentation de ces dernières semaines le désolait. «Une bonne journée, avec quatre séances, on pouvait croiser 20 personnes au mieux». A la tête des Kinepolis luxembourgeois, Christophe Eyssartier constate lui aussi que «c'était devenu compliqué côté fréquentation».
Bettel a donc tranché mais le public avait montré la voie. «La confiance n'y était plus, reconnait Raymond Massard. Les gens étaient devenus réticents à se retrouver cloîtrés dans une salle.» Et puis, les cinéphiles comme les amateurs en plus d'avoir à vaincre leur appréhension du covid ont aussi eu du mal à s'adapter aux changements de modalités des séances. Sans masque au printemps, avec ensuite, privé de pop-corn après.
Aucun cluster n'a été signalé
Des rebondissements qui ont fini par donner une image floue de ce qui était permis ou non dans les 37 salles obscures en activité. «Je vois au Kirchberg ou à Belval, vous pouviez dîner sans masque à quatre à une table mais, pour voir tranquillement un blockbuster une minute après, il fallait être séparés les uns des autres, avec une protection buccale pendant la séance», sourit un brin amer le responsable des deux complexes.
Reste que si l'annonce des trois semaines de confinement (comme pour cafés et restaurants) reste dure à avaler, les deux gestionnaires acceptent la mesure. Optimistes, ils voient même déjà la lumière au bout du tunnel. «Nous sommes un environnement sain, contrôlé, où aucun cluster n'a été signalé. Donc quand l'infection sera réduite, les spectateurs reviendront à nous», espère Christophe Eyssartier. Et de croiser les doigts pour qu'avec les fêtes, le «public familial» retrouve le chemin des salles. Après tout, la programmation de fin décembre est faite pour lui : Wonder Woman 2, Croods 2, Freaky, The Witches ou Come Away seront à l'affiche.
Raymond Massard, lui, voit dans cet épisode «une nouvelle de repenser» l'offre. Comme il l'avait fait en été avec l'organisation de nombreuses soirées de projection en mode drive-in, il cherche une autre idée pour cet hiver. Et le «truc» pourrait bien être ces séances en streaming proposées depuis le site internet de l'Asbl. «On paie son billet et l'on a droit non seulement à la diffusion d'un film chez soi, sur mobile ou tablette, mais aussi à un entretien avec le réalisateur, une table-ronde débat, etc. Bien dans l'esprit du cinéma associatif.» Une formule avec laquelle Caramba.lu compte bien séduire les particuliers, mais aussi les collectivités ou les entreprises. A charge pour ces dernières d'acheter des places et les offrir à la population à leurs salariés. «L'essentiel, c'est que le charme du cinéma agisse toujours!»
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