dEUS: «On déteste se répéter»
dEUS: «On déteste se répéter»
dEUS est peut-être le meilleur groupe dans l’histoire du rock belge. Le succès a toujours accompagné les Anversois depuis plus de 30 ans et la sortie de «Worst Case Scenario», le premier des huit opus de la bande à Tom Barman. Le line-up n’a pourtant jamais cessé de bouger avec des départs et des retours comme le dernier en date de Mauro Pawlowski, le génial guitariste. Derrière les fûts du combo flamand depuis presque 20 ans, Stéphane Misseghers a pris le temps de disséquer le nouveau-né, «How To Replace It» et d’expliquer pourquoi le temps de gestation d’un album peut être particulièrement lent chez dEUS à quelques jours du début d’une nouvelle tournée dont le coup d’envoi sera donné à la Rockhal le 8 mars.
Stéphane, dEUS refait surface avec un nouvel album onze ans après «Following Sea». N’avez-vous pas eu peur d’avoir été oublié?
Non. Le monde musical ne se résume pas aux albums. On a tourné pendant deux ans et demi puis on a eu besoin d’un break. Mauro (Pawlowski) a quitté le groupe en 2017 et c’est vrai qu’on s’est demandé ce qu’on allait devenir mais jamais la sortie d’un nouvel album n’est venue dans la discussion. On a aussi fait la bande-son du documentaire sur le couturier Martin Margiela. Tom a commencé à travailler sur un film. Moi, je suis devenu producteur. Il y a eu la tournée pour le 20e anniversaire de l’album «The Ideal Crash». Il n’y a que 24 heures dans une journée et on vieillit…
C’est rassurant de savoir que vous n’êtes pas dans un processus d’obligation de sortir un album à intervalles réguliers…
On n’est pas dans ce business. On fonctionne de façon empirique. Tom a besoin de vivre des expériences pour écrire. Pour que sa musique et les paroles soient touchantes. dEUS ne sera jamais un groupe qui fait un album en peu de temps. On a parfois cherché à accélérer le processus mais on est chaque fois revenu au mode ralenti.
On a sept albums dans le rétroviseur et on déteste se répéter.
Stéphane Misseghers, batteur du groupe
Voici enfin «How To Replace It». Comment interpréter ce titre?
Chacun peut l’interpréter à sa façon. L’idée, c’est de se demander si on a un impérieux besoin de remplacer une chose qui nous est chère. Une personne, une habitude ou une situation. C’est peut-être notre comportement qui peut évoluer plutôt qu’à tout prix vouloir chercher un objet de substitution.
A l’écoute de cet album, on a parfois l’impression de revenir à la source et au début du groupe, non?
Je ne l’ai pas trop ressenti. Après tant d’années de silence, on s’est lancé dans un processus de réflexion pour savoir ce qu’on allait faire. On a sept albums dans le rétroviseur et on déteste se répéter. Peut-être qu’il y a un dénominateur commun entre le premier et le dernier album mais que l’on retrouve aussi dans d’autres. C’est ce gros son qu’on envoie. Un truc violent, tempétueux. Ça nous a envahi. Mais ça s’arrête là car ici, on touche à un son plus vertical.
C’est peut-être le single 1989 qui fait penser à une volonté de revenir aux racines?
On a voulu rendre hommage à cette période. dEUS n’existait pas encore mais Tom jouait avec d’autres personnes. C’était le début de la grande aventure.
Le début de ce single fait penser à Leonard Cohen…
Oui, Tom n’avait jamais fait ça avant. Chanter aussi bas.
Votre line up a encore évolué dernièrement avec le retour de Mauro…
C’est comme s’il n’était jamais parti. C’est mon pote. Avec lui et Alan, ça groove! Mais rendons hommage à Bruno (De Groote) qui fut le contributeur principal de cet album à la guitare. Avec Sjoerd Bruil (ex-Millionaire) aussi. Bruno a fait un super boulot mais a dû nous quitter pour des raisons de santé.
On dit souvent que dEUS est le meilleur groupe de l’histoire du rock en Belgique. Qu’en pensez-vous?
On s’est signalé parce qu’on sonnait différemment. On a sans doute été une influence pour d’autres mais le paysage musical change tellement vite de nos jours. Le rock est un peu retourné au sous-sol et je pense que c’est une excellente chose. C’est de là que sortent les bonnes idées. Et j’espère que les choses qui remonteront à la surface auront un peu de dEUS en elles. Ça voudrait dire que les gens écoutent encore nos trucs.
Vous avez réservé votre premier concert au public luxembourgeois. Pourquoi?
Le Luxembourg fait toujours partie des musts dans nos tournées. On y est toujours bien accueillis. Pendant et après le concert… Stratégiquement, c’est un endroit clef avec la possibilité pour notre public de l’Est de la France et de l’Ouest de l’Allemagne de venir nous voir.
A quel type de concert peut-on s’attendre à la Rockhal le 8 mars?
On va jouer une bonne moitié de notre dernier album et changer un peu la playlist de ces dernières années en proposant de nouveaux anciens morceaux qu’on n’a plus joués depuis longtemps et auxquels on ne pense pas automatiquement. Ce sera un mélange de choses plus récentes et de trucs plus vieux.
Il y a une chanson en français sur le dernier album, «Le Blues Polaire». Vous allez la jouer?
C’est possible. Tom est très à l’aise en français. Il s’est donné beaucoup de mal pour écrire ce morceau.
Vous-même avez laissé un post sur un réseau social en disant que «La Chanson des Vieux Amants» de Jacques Brel faisait partie de vos inspirations…
Inspiration n’est sans doute pas le bon mot mais lorsque j’entends ce morceau, je laisse tout tomber. Je m’arrête et je dois m’asseoir tellement je suis pris de sentiments. Brel, c’est le GOAT.
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