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Au paradis des inclassables
Culture 8 4 min. 18.02.2023
Musique

Au paradis des inclassables

Kinsch, le chanteur de Trouble in Paradize, donne de sa personne sur scène.
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Au paradis des inclassables

Kinsch, le chanteur de Trouble in Paradize, donne de sa personne sur scène.
Photo: DR/Caroline Martin
Culture 8 4 min. 18.02.2023
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Au paradis des inclassables

Christophe NADIN
Christophe NADIN
Le jeune groupe luxembourgeois Trouble in Paradize déborde d'énergie et renverse tout sur son passage, comme sur la scène du Floor de la Rockhal, vendredi soir à Esch. Coup de projecteur.

Vingt ans, c'est un peu tôt pour aller au paradis. Mais la promesse faite par ces cinq agités du bocal de le mettre sens dessus dessous prend de l'épaisseur au fil des semaines. Le Gudde Wëllen, les Rotondes puis la Rockhal en moins d'un mois. Il faut un peu de flair et une bonne dose de culot pour s'imposer sans complexe sur la scène rock grand-ducale. C'est le principal carburant de Trouble in Paradize. Mettre la gomme et battre le fer tant qu'il est chaud.

Multi-instrumentistes

Une énergie qui prend tout son sens devant un public composé d'une bonne cinquantaine de personnes lorsque Kinsch, le chanteur, déboule sur la scène du Floor comme un mort de faim quelques secondes après les quatre autres membres du groupe.

Derrière ses faux airs de Freddie Mercury, le garçon a très vite compris comment occuper une scène. Il gesticule, rejoint le public, empoigne le guitariste par la taille et fait tomber la chemise au bout de deux morceaux. «Il a la dégaine de Michael Jackson», plaisante Aleksi, le batteur. On s'arrêtera là pour les comparaisons car le reste balaie l'ensemble du spectre musical. Une dose de métal, un soupçon de pop, le tout mâtiné d'une bonne base de garage. «Oui, on est inclassables», confessent en chœur le claviériste Andres et Aleksi. «Chacun apporte ses influences. Moi je suis plus Nirvana et rock alternatif alors qu'Andres écoute du métal. Tous les membres composent et chacun est multi-instrumentiste.»

Et ça parle de quoi? De scènes de la vie quotidienne et parfois de thèmes d'actualité. «Là aussi, c'est un mélange. On ne sera jamais dans le 100% politique comme Rage Against The Machine mais il nous arrive d'en parler si un sujet nous touche. 1984, ça fait forcément référence à George Orwell mais on l'a remis au goût du jour. Puis on peaufine un morceau qui parle d'un événement assez brutal en Finlande», explique Aleksi.


Quand plage rime avec garage
Les Rocklab Sessions sont de retour avec du public et deux premiers groupes évoluant dans des univers bien différents.

Un côté foutraque qui se mélange parfaitement à leurs origines multiples. Andres est mi-espagnol, mi-salvadorien; Aleksi a du sang finlandais et du plasma italien; Kinsch est portugais du Luxembourg; Marcos est slovaque ascendant ibérique; Olle est néerlandais. Bienvenue au pays!

Année sabbatique

«Au départ, c'était Kinsch et Alexis qui ''jammaient'' ensemble, puis je suis arrivé pour arranger le morceau 1984 et le reste a suivi. On se connaissait quasiment tous de l'école européenne», poursuit Andres, qui suit en parallèle des cours de danse. La machine est en route et emprunte le chemin classique des jeunes groupes. On compose, on joue partout où on peut puis on essaie de se poser pour passer en studio. C'est la prochaine étape du quintette. «On va sortir un single en mars chez Unisons à Differdange puis il sera temps de penser à un EP», ajoute Aleksi.

Pas question cependant de délaisser les scènes du pays ou d'ailleurs. Là où de nombreux groupes luxembourgeois peinent à s'exporter, Trouble in Paradize tente d'activer ses réseaux pour percer extra muros. «On peut proposer un set d'une petite dizaine de chansons, soit 45 minutes», acquiesce le guitariste Marcos.

Et là où certains groupes se retrouvent un soir par semaine, voire deux quand les agendas s'harmonisent, Trouble in Paradize, lui, place le projet quasiment au centre du jeu. Plusieurs membres du groupe vivent une année sabbatique qui leur permet de consacrer du temps à faire bouger les lignes.

 The Ferocious Few a pris la suite

Ces jeunes gens du Kirchberg, Lorentzweiler, Schuttrange et Dommeldange ont de la suite dans les idées et s'imaginent bien crever l'écran. «On a encore bien sûr une marge de progression d'un point de vue technique. On doit encore mieux se coordonner et poursuivre notre côté expérimental. On peut encore explorer davantage cette veine», dit Aleksi. Le chanteur doit encore mieux caler sa voix quand il monte dans les aiguës mais ça viendra avec le temps.

Ce vendredi, ils ont eu droit à la demi-heure sur scène, avant que The Ferocious Few prenne le relais. Francisco Fernandez s'est installé au Luxembourg et a importé sa musique très américaine. Il parcourt ainsi l'arc-en-ciel de tout ce qui se fait outre-Atlantique. Du rockabilly au grunge en passant par le folk, l'artiste a plus d'une corde à son arc. Le projet est abouti et le très classieux vinyle distribué à l'entrée va ancrer un peu plus ce gaucher pas du tout gauche dans le paysage luxembourgeois.

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