Au cœur de la Factory d'Andy Warhol
Au cœur de la Factory d'Andy Warhol
Par Marie-Laure Rolland
«La Factory est sans doute la plus grande œuvre d'art de Warhol», a écrit son biographe Dave Hickey. C'est précisément au cœur de ce lieu mythique que nous entraîne «Warhol Underground», une exposition à découvrir sur un étage au Centre Pompidou-Metz jusqu'au 23 novembre 2015. L'occasion d'explorer une facette assez peu connue de l'icône du pop art, entre 1964 et 1968, à une époque où il délaisse la peinture pour s'intéresser au bouillonnement underground de la scène new-yorkaise.
Une parenthèse de cinq ans
L'exposition se concentre sur une période limitée de la vie d'Andy Warhol, entre 1964 et 1968. Une parenthèse qui correspond à la création de la première Factory sur la 47e rue à New York. Elle est également marquée par la rencontre en 1965 de l'artiste avec le Velvet Underground de Lou Reed.
Entre le groupe expérimental et l'artiste qui n'est pas encore l'icône du Pop art, le coup de foudre est immédiat. Les musiciens rejoignent la bande de la Factory et vont marquer de leur empreinte l’œuvre de Warhol, qui devient leur producteur.
«Cette rencontre marque une rupture esthétique dans l’œuvre de l'artiste», commente la directrice du Centre Pompidou-Metz Emma Lavigne qui parle même de «court-circuit esthétique». Warhol arrête la peinture et la sérigraphie – tout au moins temporairement, les finances le rappelant ensuite à la raison – pour se lancer dans une phase intense d'expérimentations tous azimuts et transdisciplinaires.
La mort en face
Par ailleurs, les couleurs pop de ses œuvres précédentes glissent dans le sombre. «On oublie que les 'swinging sixties' ont aussi été aux Etats-Unis l'époque de la guerre du Vietnam, de l'assassinat de Kennedy et des débats autour de la peine de mort», souligne la commissaire.
L'une des œuvres phares de Warhol «10 Lizes» (la reproduction de plus en plus évanescente de Liz Taylor) est présentée dans l'exposition, de même que sa série autour des «Chaises électriques» et ses «Death and Disasters», qui mettent sur le même plan face à la mort personnages célèbres et commun des mortels.
Une œuvre totale
L'exposition, structurée en 10 sections, explore l'ambiance de la Factory, les relations de Warhol à la musique - et notamment celle du Velvet underground - , au cinéma underground, à la photographie, à la danse.
On découvre aussi les méthodes de production de l'"usine pop" et les différentes séries qui y sont nées, la manière dont il a travaillé à l'idée d'oeuvre totale, ses relations avec les autres artistes expérimentaux de son époque - parmi lesquels Merce Cuningham, Steve Reich, Jasper Johns, Robert Rauschenberg.
Ouvert de 10h à 18h les lundi, mercredi et jeudi, de 10h à 19h les vendredi, samedi et dimanche. Fermé le mardi. Entrée gratuite pour les moins de 26 ans.
