Amber Bracken remporte le prix du World Press Photo
Amber Bracken remporte le prix du World Press Photo
(AFP) - Une photo de croix auxquelles sont pendues des robes de petites filles, érigées à proximité d'un «pensionnat» canadien où les restes de quelque 215 enfants indigènes ont été retrouvés l'année dernière, a remporté jeudi le prix du World Press Photo de l'année 2022.
Le cliché saisi par la photographe documentaire basée à Edmonton, Amber Bracken, était «un moment calme de réflexion sur l'histoire de la colonisation non seulement au Canada, mais dans le monde entier», a déclaré la jurée Rena Effendi.
À droite du cliché, publié par le New York Times, des robes de petites filles rouges et ocre sont pendues à des croix à côté d'une autoroute à Kamloops, une petite ville en Colombie-Britannique.
À gauche, un arc-en-ciel termine sa courbe près du lieu où le charnier a été découvert, siège d'un soi-disant pensionnat, créé il y a un siècle pour assimiler de force la population indigène.
«Honorer et remémorer leurs enfants perdus»
Cette image «inspire une sorte de réaction sensorielle», a déclaré un juré. Ce charnier a été le premier d'une série à être découvert, forçant les Canadiens à affronter leur passé colonial. De nombreuses enquêtes sur ces anciens pensionnats indiens sont en cours à travers le pays.
«Je n'ai pas l'impression que c'est une photo qui pourrait m'appartenir», a déclaré à l'AFP Mme Bracken, 38 ans. «C'était une représentation de quelque chose qui a été créé par la communauté pour honorer et se remémorer leurs enfants perdus», a-t-elle expliqué.
Les autorités estiment que plus de 4.000 enfants pourraient être portés disparus. D'autres photographies primées cette année ont également salué la mise en avant de communautés autochtones à travers le monde.
Une série d'images sur le peuple aborigène
Le réalisateur australien de documentaires Matthew Abbott a remporté le premier prix dans la catégorie Histoire de l'année avec une série d'images montrant comment le peuple natif de Nawarddeken de la lointaine terre d'Arnhem a utilisé le feu comme efficace outil de gestion des terres contre le changement climatique.
Grâce à une pratique appelée «combustion à froid», les indigènes allument des petits brasiers pendant la saison fraîche, brûlant les sous-bois et la brousse hautement inflammables, ce qui aide à prévenir les incendies de forêt - qui ont dévasté l'Australie touchée par une augmentation des vagues de chaleur.
«Cela a été fait pendant des dizaines de milliers d'années», a déclaré M. Abbott à l'AFP, «mais maintenant, avec le changement climatique si rapide, ces pratiques sont pleinement testées».
Les lauréats reçoivent chacun une récompense de 6.000 euros et leur travail sera exposé à partir du 15 avril à Amsterdam avant d'être montré dans le monde entier.
