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À l'assaut des montagnes corses, pour la bonne cause
Culture 8 6 min. 11.08.2018 Cet article est archivé

À l'assaut des montagnes corses, pour la bonne cause

Parti le samedi 4 août, vers 11 heures, Sébastien Cayotte ne sait pas à quelle date il atteindra la fin du parcours. Peu importe: ce qui compte, c'est le défi, et «profiter des paysages magnifiques».

À l'assaut des montagnes corses, pour la bonne cause

Parti le samedi 4 août, vers 11 heures, Sébastien Cayotte ne sait pas à quelle date il atteindra la fin du parcours. Peu importe: ce qui compte, c'est le défi, et «profiter des paysages magnifiques».
Photo: Sébastien Cayotte
Culture 8 6 min. 11.08.2018 Cet article est archivé

À l'assaut des montagnes corses, pour la bonne cause

Sébastien Cayotte, sportif eschois de 23 ans, est déjà connu au Grand-Duché pour ses longues escapades à Vel'Oh ou en trottinette. Cette deuxième semaine d'août, il s'attaque au GR20, sentier de randonnée corse réputé pour sa complexité, et toujours pour la bonne cause: récolter des fonds pour aider les enfants atteints d'un cancer.

Par Jean Vayssières

Le GR20, c'est 180 kilomètres de randonnée, dont 10.000 mètres de dénivelé positif cumulé, à travers les montagnes de Corse, à parfois plus de 1.500 mètres d'altitude. Un parcours précédé par sa réputation, qui le place sur le podium des sentiers les plus difficiles d'Europe, mais aussi des plus beaux. Pour l'affronter, mieux vaut être doté d'un excellent physique et d'un mental à toute épreuve. 

Il en faut plus pour ébranler la détermination de Sébastien Cayotte qui, du haut de ses 23 ans, a enfilé ce samedi 4 août ses chaussures de randonnée pour s'en aller escalader le relief de l'île de beauté. Le parcours, qui se divise en 16 étapes, est pensé pour être réalisé en autant de jours.

Mais le jeune sportif, originaire d'Esch-sur-Alzette, qui a pour habitude de se lancer des défis, compte bien le faire plus rapidement que prévu et vise les 14 jours, fort de son passé de nageur de haut niveau: les 10 entraînements par semaine qui ont rythmé sa jeunesse lui ont inculqué une sévère résistance à la douleur. Tente, vêtements, trousse de soins, lampe, lecteur mp3, gourde, ou encore savon et brosse à dents: dans son sac, qui pèse moins de 13kg, le baroudeur a tout prévu. 

«Tout cela, je le fais pour moi, mais aussi pour les autres»

D'autant plus qu'il ne marche pas uniquement pour son seul plaisir: son périple a pour but de récolter des dons à l'intention de la fondation Kriibskrank Kanner, qui vient en aide aux enfants atteints d'un cancer ou d'une maladie mortelle. 

En août 2015 déjà, Sébastien Cayotte était parti de Luxembourg-Ville pour gagner Paris au guidon d'un Vel'Oh, dans le même objectif. Rebelote en avril 2016, direction Amsterdam cette fois, avant un tour du Luxembourg en trottinette dans le froid du mois de novembre de la même année.

Le parcours de Grande Randonnée (GR) numéro 20 s'étend sur 180 kilomètres et sillonne les hauteurs corses, du nord au sud.
Le parcours de Grande Randonnée (GR) numéro 20 s'étend sur 180 kilomètres et sillonne les hauteurs corses, du nord au sud.
Photo: le-gr20.fr

À l'époque, tout est parti d'une blague entre amis, concrétisée sur un coup de tête. «On était à Luxembourg-Ville, on a vu un Vel'Oh, et on s'est dit que ce serait marrant d'aller jusqu'à Paris avec. Eh ben je l'ai fait ! J'ai créé ma page Facebook, que j'ai gardée pour les projets suivants. Si en plus, je peux faire profiter les gens qui me suivent et les rendre heureux, tout le monde y gagne», raconte-t-il. 

«En 2015, quand je suis parti pour Paris, mon grand-père venait récemment de décéder à la suite d'un cancer», se remémore-t-il à propos de son engagement. «J'ai voulu attirer l'attention sur les enfants tout particulièrement, car je les adore. Je suis déjà instituteur en école primaire, diplômé depuis janvier, et je trouve que cette cause est magnifique: elle me motive beaucoup, plus qu'aucune autre ne pourrait le faire. Tout cela, je le fais pour moi, mais aussi pour les autres, pour que les gens envoient des dons». 

«Sur un parcours comme celui-ci, il faut faire très attention au moral »

Contacté le mercredi 8 août par le Luxemburger Wort, Sébastien Cayotte se trouvait alors entre les étapes de Tighjettu et Manganu, à environ un tiers du parcours, au lendemain d'une étape ayant nécessité quatre heures de dure montée. Il était parti 4 jours plus tôt de Calenzana, dans le nord de la Corse, à une dizaine de kilomètres au sud-est de Calvi, pour rejoindre Conca, au sud, marchant et escaladant de refuge en refuge.

Son objectif d'atteindre la fin du circuit en moins de seize jours semble en bonne voie, malgré les conditions du terrain et la météo estivale corse, qui honorent la réputation du parcours. «Je ne m'attendais vraiment pas à ça» confie le randonneur.


Arrivé à bon port
Pari tenu: un Vél'Oh à Paris
Arrivé samedi au pied de la tour Eiffel, Sébastien Cayotte, parti du Luxembourg lundi sans réel entraînement, a tenu bon, et pour la bonne cause : il roulait en vue de rassembler des dons pour la Fondation Kriibskrank Kanner.

«C'est très technique. Je n'ai jamais fait de grosse rando auparavant, mais je le vis très très bien, j'arrive à gérer le physique et le mental. Sur un parcours comme celui-ci, il faut faire très attention au moral: ne pas regarder la température qu'il fait, ou les kilomètres qui restent à parcourir: il faut juste marcher».

Mieux vaut ne pas jeter d'œil au thermomètre, en effet: au crépuscule d'une phase de canicule, qui a frappé l'ensemble de la France pendant un mois, les montagnes corses étaient, mercredi, écrasées par un soleil de plomb et une trentaine de degrés. À cet endroit, quelques kilomètres après Ciottulu, «il y a un petit vent frais, et on est à proximité des lacs». 

«Dans les derniers kilomètres, la soif peut rendre dingue»

De toute manière, pour Sébastien Cayotte, «la canicule n'a jamais été un gros problème. Je l'ai déjà vécue lorsque j'ai rejoint Paris en Vel'Oh, à la même période de l'année. L'important, c'est de bien boire, d'avoir toujours une gourde pleine, car il n'y a pas toujours de source entre les refuges. On ne s'en rend pas vraiment compte quand on a accès à de l'eau à volonté, mais dans les derniers kilomètres, ça peut rendre dingue: on a la gorge sèche, on ne pense qu'à l'eau. Mais ça fait de l'adrénaline ! C'est ça que je recherche !» 

La chaleur n'est pas la seule embûche disséminée le long du chemin vers Conca. «Hier, il y a eu un orage», raconte le randonneur. «Le GR20 comporte beaucoup d'escalade, c'est de la bonne grimpette, et la pluie rend les pierres glissantes». De quoi se retrouver coincé si un orage survient en pleine ascension, qui nécessite «de bonnes prises aux bras et aux jambes». 

Le GR20, qui parcourt le massif montagneux corse en longueur, est très variable en termes d'altitude: de 250 mètres à 2.600 mètres, en son point le plus haut, la Pointe des Éboulis.
Le GR20, qui parcourt le massif montagneux corse en longueur, est très variable en termes d'altitude: de 250 mètres à 2.600 mètres, en son point le plus haut, la Pointe des Éboulis.
Photo: Sébastien Cayotte

Derrière chaque rocher brûlant passé, chaque cime franchie et chaque pas accompli vers la fin du parcours, se cachent également la fatigue et l'inattention, qui peuvent être fatales. Le randonneur raconte: «Il y a quelque temps, un type a trébuché, est tombé sur le visage et a été défiguré. Il a été évacué par hélicoptère. En fin d'étape, la fatigue et le manque de concentration deviennent vraiment pesants et il faut redoubler d'efforts». 


"Je ne pensais pas que c'était si grand, le Luxembourg!"
Avez-vous croisé un fou à trottinette sur les routes du pays? Avec un gros sac à dos. Il a passé ses nuits sous la tente, dans des jardins pendant une semaine. Sébastien Cayotte "trottine" sur près de 400 km pour sensibiliser le public au sort des enfants atteints d'un cancer. Il faisait 1°C ce mercredi matin.

Heureusement, même si la solitude peut être pesante par moments, Sébastien Cayotte n'est pas toujours seul sur les sentiers de Corse: le GR20 attire de nombreux amateurs de sensations fortes, et certaines portions du circuit sont plus peuplées que d'autres. «Sur le chemin, j'ai rencontré deux couples de randonneurs, avec qui on joue aux cartes quand on se retrouve dans les refuges, le soir, depuis deux jours», s'amuse l'Eschois. 

Impossible, pour l'heure, de déterminer quel jour sonnera l'arrivée du randonneur luxembourgeois à Conca. En attendant, il est possible de suivre le récit de ses aventures en photos et vidéos sur sa page Facebook, Challenging for Smiles, et de donner à l'association Kriibskrank Kanner sur sa page de dons

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