Un pas est franchi
La perte de leur emploi des 80 salariés des restaurants de la galerie d'«Utopolis» à Kirchberg a de quoi frapper les esprits. Nous avons connu des pertes d’emploi par faillite frauduleuse ou non et de mises au chômage pour accident, incendie ou intempérie, mais le licenciement pour fin de bail est un cas de figure rare, surtout que les commerces concernés ont l’air de ne pas manquer de clients.
Curieusement les syndicats ne se sont pas encore exprimés et la finalité de cette affaire reste inconnue. La justice doit se prononcer en octobre; en attendant les salariés se retrouvent à la rue. Ils doivent chercher un nouveau patron, s’inscrire au chômage ou changer de carrière. Se retrouver sans salaire alors que l’entreprise tourne bien est difficile à digérer. On ne peut faire aucun reproche au patron, ce qui permettrait de se décharger d’un peu de ce stress; les employeurs sont eux mêmes mis devant le fait accompli de même que la brasserie qui leur avait attribué les locaux en sous-location. Chaque jour les ex-salariés, maintenant licenciés et futurs chômeurs potentiels passent devant les deux restaurants, qui peuvent continuer à travailler. Ces commerces ne vendent pas d’alcool et ne dépendent pas de la brasserie. On a parlé de transformations nécessaires pour l’installation d’une gare pour le tram, mais ces explications se sont révélées injustes. Il était question d’une extension des salles de cinéma et cette hypothèse se révèle également fausse. Le personnel concerné et les clients évoquent les possibilités les plus fantaisistes pour expliquer la situation actuelle.
Le propriétaire, qui est à l’origine de tous ces remous, en raison de la résiliation et le non renouvellement du bail de location a le droit de garder le silence et de se tirer de la discussion par un laconique «no comment». La fermeture d’une ou de plusieurs entreprises qui ne présentent pas de problème de survie, qui sont florissantes et sans gros soucis financiers devrait interpeller. Une explication du responsable devrait être obligatoire, même si comme en France, l’autorisation des instances officielles serait exagérée.
Peut-on jouer ainsi impunément avec la sensibilité et les sentiments des concitoyens?
Plus de 80 salariés sont concernés et en dehors des journalistes personne ne semble s’émouvoir de cette injustice. Est-ce le prix à payer pour se prévaloir du libéralisme?
Cinéphiles accros de carpaccio
J. et R. Konsbruck
