Un grillon pour sauver des vies
Un grillon pour sauver des vies
PAR SOPHIE NICHOLSON (SPARKNEWS)
L’architecte Andres Meira a constaté à quel point un tremblement de terre pouvait faire des dégâts en travaillant à la reconstruction de Haïti, au lendemain du séisme de 2010 qui a fait plus de cent mille morts. Lorsqu’il s’est installé à Mexico, autre zone de forte sismicité, il s’est rendu compte qu’une grande partie des habitants de la ville ne bénéficiaient pas du système d’alerte précoce mis en place dans tout le pays. Il a donc créé un «grillon» électronique afin de diffuser des alertes à la population.
En 1985, de violentes secousses ont réveillé les habitants de Mexico dans des hurlements et des nuages de poussière, tandis que le sol s’ouvrait sous leurs pieds et que des immeubles entiers s’effondraient. Le séisme, de magnitude 8,1, fit près de dix mille victimes. A la suite de cette catastrophe, les sismologues ont mis au point un système novateur afin d’avertir la population de l’imminence d’un tremblement de terre majeur. Pourtant, plus de vingt ans plus tard, nombreux sont ceux qui ne reçoivent aucun message d’avertissement avant les secousses qui ébranlent régulièrement cette ville surpeuplée, bâtie sur le lit mouvant et instable d’un ancien lac asséché. «L’infrastructure existe, mais il manque le dernier maillon de la chaîne. C’est absolument ridicule!», s’insurge Andres Meira qui s’est mis en devoir de créer son propre système d’alerte des séismes depuis qu’il s’est installé ici à son retour de Haïti, en 2012.
Un petit boîtier
«Venant de ce paysage apocalyptique, je pensais forcément aux tremblements de terre», explique cet architecte britannique devenu entrepreneur social. Le «Grillo» – grillon en espagnol – est un petit boîtier sur lequel clignote un cercle de points bleus indiquant qu’il est allumé, et qui fait retentir une alarme avant une secousse.
Il est équipé d’une antenne qui détecte directement les signaux à partir de capteurs souterrains implantés sur toute la côte Sud du Mexique, où les premiers mouvements sont généralement ressentis près des grandes lignes de faille, à environ trois cents kilomètres de la capitale.
Les ondes sismiques mettent plus d’une minute à se propager jusqu’au centre de Mexico, mais les capteurs transmettent presque instantanément les signaux aux usagers, leur faisant gagner de précieuses secondes pour se mettre à l’abri. Ils alertent également les autres villes des zones hautement sismiques, dans le centre et le sud du pays. Des récepteurs diffusent les messages d’avertissement dans l’ensemble des écoles, hôpitaux et bâtiments publics, donnant aux occupants le temps de sortir dans les rues avant que les planchers et les pylônes électriques ne se mettent à trembler. Mais de nombreux individus, chez eux ou au bureau, passent encore à travers les mailles du réseau. Plusieurs applications de téléphone portable relaient désormais les alertes sismiques, mais elles ne sont ni très fiables, ni très ponctuelles.
De plus, toutes les stations de radio et chaînes de télévision ne diffusent pas les alertes. Et les sirènes qui devaient être déployées dans toute la ville pour donner l’alerte n’ont toujours pas été installées. Un fabricant est officiellement homologué pour produire des récepteurs privés, mais il les commercialise à environ 300 dollars (225 euros), ce qui est encore trop cher pour la plupart des foyers. Le Grillo, lui, coûte environ 50 dollars (37 euros), et Meira espère encore abaisser son prix. «L’objectif est d’installer autant de Grillos que possible dans les 5,7 millions de foyers pouvant recevoir le signal Sasmex (le système d’alerte officiel)», explique-t-il.
Maintenir le prix
Un ingénieur du service météorologique national américain a conçu les composants électroniques du Grillo, qui est monté en Chine. Cette conception en open source vise à maintenir le prix de revient aussi bas que possible. Le projet est d’ores et déjà soutenu par la société à capital risque 500 Start-ups (un accélérateur d’entreprises de la Silicon Valley), l’ambassade de Grande-Bretagne et la direction de la Deutsche Bank au Mexique. Meira aimerait à l’avenir faire de son dispositif une plate-forme de sécurité domestique présentant d’autres fonctionnalités, telles un détecteur de fumée et un capteur de gaz carbonique. Il a pour l’heure réuni 45.000 dollars (33.500 euros) pour le développement, en comptant les dons récoltés sur le site mexicain de financement participatif Fondeadora.mx.
Cet automne, il lancera une campagne d’investissement afin de lever 500 000 dollars supplémentaires (375 000 euros). Au cours de ces derniers mois, le Grillo a remporté l’adhésion de ses premiers utilisateurs après une série de fortes secousses. «Il n’est certes pas très agréable d’être réveillé en pleine nuit par une alarme stridente, mais c’est mieux que d’être réveillé par le bruit terrifiant des planchers qui tremblent, des murs qui se fissurent et des câbles électriques qui tombent sur vos fenêtres», assure Diana Ferrero, 42 ans, mère de deux enfants en bas âge, qui vit dans un 4e étage à Mexico. «Le Grillo marche vraiment très bien … A chaque tremblement de terre, j’étais la première à sortir de l’immeuble, au moins 30 à 40 secondes avant que les autres locataires ne se précipitent dans les escaliers.»
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