Paul Galles, le chrétien social
Paul Galles, le chrétien social
Paul Galles n'a pas oublié qu'avant d'avoir 45 ans, il en a eu 19. Ni que c'est à cet âge-là qu'il décide de quitter pour un temps, le douillet nid familial de Gasperich pour le Brésil et ses favelas.
Le fils d'enseignants de sciences est touché en plein coeur par l'expérience. De retour au Luxembourg, il se lance dans des études de théologie systématique en Allemagne, part à Rome où il rencontre Jean-Paul II, devient prêtre et à travers «Pimp my Church» réforme la pastorale des jeunes au Grand-Duché.
«Au Brésil, la normalité était de vivre les uns avec les autres. Les jeunes se mêlaient aux vieux, c'était une vraie communauté humaine», se souvient-il, en posant ses deux mains bien à plat sur la table, laissant ainsi apparaître une ribambelle de bracelets en tissus colorés à ses poignets.
«Koll an Aktioun», «Semi-Marathon de Berlin», «Journées mondiales de la jeunesse», ces bracelets brésiliens sont autant d'inscriptions décolorées par le temps que Paul Galles arbore sous une épaisse veste de tailleur noire sans pour autant s'être départi de leur signification.
«Aime et fais ce que tu veux»
L'habit noir a été abandonné en 2010 et s'il n'est plus prêtre, il n'en reste pas moins homme de foi.
«Mes convictions ne sont pas ébranlées mais je me suis rendu compte que je n'étais pas fait pour le célibat. J'ai tenté de trouver les mots justes pour expliquer à l'Église que je n'étais plus capable de vivre ce que j'avais choisi lorsque j'avais 25 ans. Mgr Fernand Franck, qui a toujours été comme un père pour moi, a compris même s'il était attristé de constater que j'étais arrivé au bout du chemin».
Un amour contre l'autre ou un amour avec l'autre ? Huit ans après avoir fait un des plus grands choix de sa vie, Paul Galles parle sereinement de cette période et narre comment il s'est mis à réfléchir à la relation entre la liberté et la foi, cite Saint Augustin tout en évoquant cette image de Dieu qui voudrait qu'il soit «quelqu'un qui laisse la liberté de dire non, qui invite et propose. N'emprisonne pas».
L'origine de son engagement venait de la volonté de connaître les gens, de les écouter, de créer une atmosphère familiale et surtout de demander aux jeunes ce qu'ils veulent et ce qu'ils pensent.
Depuis 2011, Paul Galles est responsable du bénévolat solidaire chez Young Caritas. Chaque année, 2.500 jeunes entre 14 et 26 ans sont en contact avec une conférence ou un atelier organisé par Caritas.
«Le but de ces événements est de mettre les jeunes en contact avec des personnes en situation de détresse et de construire des ponts. Je pense que pour créer de la cohésion sociale et une société fondée sur la solidarité, il faut vivre la solidarité et apprendre aux jeunes qu'avant de parler de quelqu'un, le mieux est d'abord de parler avec cette personne».
Trouver les bonnes paroles
Comment changer son point de vue tout en gardant ses convictions ? L'ancien abbé, devenu député le 14 octobre dernier, a fait ses premiers pas en politique en 2016 au sein de CSV et devient conseiller communal en décembre 2017, après les élections communales.
«La foi m'a enseigné trois valeurs fondamentales : la dignité absolue de chaque personne, une vision pour la société basée sur la solidarité et la fraternité et la protection de tout ce qui nous a été donné comme peut l'être, par exemple, la nature».
Paul Galles l'avoue, les valeurs qu'il véhicule auraient pu trouver écho dans d'autres partis politiques que le CSV mais c'est à cette formation politique qu'il souhaitait appartenir grâce à une expérience toute particulière qu'il a vécue avec l'ancien Premier ministre, Jean-Claude Juncker.
«Lorsque j'étais jeune prêtre, j'ai dû enterrer une jeune fille décédée tragiquement alors que je devais célébrer son mariage quelques mois après. Il m'était presque impossible de trouver les bonnes paroles et je me suis demandé longtemps ce que j'allais dire pour consoler la famille», raconte-t-il,«Jean-Claude Juncker était présent lors de la cérémonie et à la fin de celle-ci, il est venu vers moi et il m'a dit: «tu as fait quelque chose de quasiment impossible: tu as trouvé les bonnes paroles».
Cela a été une phrase fondamentale pour la suite de mon existence: «trouver les bonnes paroles au bon moment». Le fait qu'un tel homme avec une telle expérience me fasse une telle confiance a peut-être un peu mis dans mon coeur l'idée de me dire que la société avait aussi besoin de bonnes paroles».
Le mot juste, Paul Galles entend bien le trouver dans sa nouvelle fonction de député et même s'il ne se revendique pas «le représentant des pauvres» il espère pouvoir apporter à la Chambre des députés une approche «participative, créer une atmosphère plus citoyenne en évitant le fossé entre le monde politique et les citoyens».
«Nous ne sommes pas nombreux à mettre au premier plan les sujets qui touchent au social car peut-être que ça ne rapporte pas de voix étant donné que ceux qui sont concernés n'ont souvent pas le droit ou l'habitude de voter. Le CSV doit développer son approche dans les prochaines années. Je suis un chrétien social».
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