Le principe de fraternité
Le principe de fraternité
Noël approche, temps des émotions fortes, qui appelle quelque histoire de nature à édifier les âmes. Celle-ci va faire sourire, pleurer ou hurler, selon la sensibilité et les convictions de chacun. Ainsi donc, tous les ans au mois de décembre le Conseil général de Vendée avait pour coutume d'installer une crèche dans son hall d'accueil. Cette année toutefois l'âne, le bœuf et les santons resteront au placard. Le tribunal administratif de Nantes a décidé en effet que la crèche de la Nativité est un «emblème religieux» incompatible avec le «principe de neutralité du service public». Exit l'enfant Jésus dans son berceau de paille, car nous sommes en république et la république française est laïque!
On peut, certes, considérer la laïcité comme une injonction absolue, qu'une fois admis son principe il faille aller jusqu'au bout de sa logique, sans concessions, sans égards pour une éventuelle ligne de partage entre ce qui relève de l'ordre politique – en l'occurrence la séparation de l'Eglise et de l'Etat – et ce qui procède de l'ordre culturel au sens large d'un ensemble d'us et de coutumes.
On peut, oui. Aller «jusqu'au bout», prôner une laïcité absolue, radicale. La radicalité toutefois n'est pas belle à voir par les temps qui courent, alors qu'un certain islam (nous soulignons «un certain islam») en exhibe, en Irak et en Syrie, l'expression la plus odieuse, montrant en quelles extrémités peut culminer la lecture d'un texte – le texte de la loi coranique – conçu comme référent souverain et intangible. La loi républicaine cependant est affaire de politique, non de radicalité dogmatique; la politique vise à définir quelques règles grâce auxquelles les individus puissent vivre au mieux ensemble et le vivre-ensemble exige une vertu, la tolérance, qui se situe à l'antipode de tout absolu.
La tolérance à son tour exige une forme de sagesse. Or le cas qui nous occupe, cette affaire de crèche proscrite au nom de la laïcité, repose sur une ânerie si l'on ose dire, à savoir la confusion entre le confessionnel et le culturel. Exhiber une burka ou une kippa, brandir un coran ou un missel sont des actes d'allégeance confessionnelle, la crèche par contre est une pratique sociétale, d'essence religieuse en son origine certes mais qui depuis des siècles a débordé de sa matrice cultuelle pour devenir usage culturel. On peut le contester, on peut protester, prôner la radicalité et affirmer que la crèche aussi est revendication religieuse. Mais alors il faudra proscrire le sapin aussi, les rois mages à son pied et l'étoile au sommet, il faut interdire les chants et la dinde aussi, exit l'âne banni et la dinde farcie!
La «morale» de notre histoire est que cette histoire est bien détestable. Parce que ces querelles sur ce qu'on peut montrer et ce qu'il faut occulter, ce qu'on peut faire et ne pas faire, ce qui est politiquement correct et ce qui ne l'est pas, sur ce qui relève de l'intime et ce qui relève du public, toutes ces querelles autour de signes sont signe d'une intolérance générale à la différence, d'une paranoïa collective autour de l'identité et de tout ce qui pourrait la nier. Au diable l'identité dès lors! C'est la fraternité qu'il nous faut privilégier. Joyeux Noël à ceux qui mercredi soir seront rassemblés autour d'une crèche, et cordial salut à tous les autres!
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