Charles Margue, itinéraire d'un engagé
Charles Margue, itinéraire d'un engagé
Charles Margue descend la rue du Saint Esprit en direction de la fraction parlementaire des Verts, située en contrebas et il lit.
Il lit en marchant et avance pourtant d'un pas sûr. Les courtes pauses qu'il fait, le nez toujours plongé dans un document sur les enjeux pour les acteurs du secteur social au Luxembourg, semblent davantage être l'effet de son intérêt pour le texte plutôt qu'une hésitation dans le chemin.
A l'âge de 20 ans, il décide de devenir «analyste de la société plutôt que son pompier» et troque l'idée d'assistant social par celle, plutôt originale pour l'époque, de la sociologie.
42 ans plus tard, il s'engage dans la jolie ruelle du Saint Esprit, un livre à la main et, depuis quelques semaines, le titre de député déi gréng en poche.
Le vert et le noir
Quand on demande à Charles Margue pourquoi avec un tel nom de famille, il est engagé auprès des écologistes et non pour les chrétiens sociaux, il ne mâche pas ses mots et rétorque aussi sec:
«Et vous, quelles sont vos pratiques?» Et si l'interlocuteur s'y prête, le sociologue n'hésite pas à lui demander où sont passés le « C» et le « S» du sigle CSV.
Jean's d'un bleu brut, veste en tweed clair et sac à dos, le député vert fait partie de ces gens qui pratiquent la politique ordinaire pendant longtemps avant de s'engager dans un parti. «Il m'a fallu du temps pour arriver à la politique telle que je la mets en application aujourd'hui», explique-t-il, «parfois la vie prend le pas et vous emmène loin avant de vous ramener vers ce que vous connaissez depuis toujours».
Charles Margue est-il si éloigné de l'empreinte laissée par son père, Georges Margue, et son grand-père, Nicolas Margue, deux hommes politiques CSV dont l'un fut député et l'autre ministre ?
Car si le sociologue a choisi un autre parti, il n'en reste pas moins que l'engagement politique fait partie de sa conception de la vie.
De l'Athénée à Michel Rodange
Né en 1956, habitant à Lintgen, père de trois enfants, il est originaire du quartier de Hollerich où enfant, il fréquentait la paroisse et voyait chez ses parents passer hommes politiques et gens d'Eglise. Cadet d'une famille de quatre enfants, il suit les traces de son frère, qui ferma l'Athénée en ville en une longue procession funèbre, et entre dans les nouveaux locaux de l'Athénée à Merl où il reste cinq années avant d'intégrer le tout jeune lycée Michel Rodange.
«La pédagogie ex cathedra de l'Athénée ne me convenait pas, je suis parti au lycée Michel Rodange et là, ce que je ne soupçonnais même pas, je l'ai vécu en plein!», se souvient-il, nostalgique :«J'avais pour enseignants Mady Delvaux, Nicole Zens, Robert Theis et fréquentais leurs collègues Gaston Mannes, Charles Berg... ils étaient tous jeunes stagiaires et ils en voulaient, ils pratiquaient une pédagogie fondée sur le respect de l'élève menés de main de maître par le directeur, Pierre Goedert. Et surtout, ils étaient de l'âge de mes sœurs, et revenaient de la Fac où ils avaient vécu mai 68. Ils m'ont appris à être jeune».
Dans la famille de Charles Margue, mai 68 n'avait pas modifié l'éducation donnée, ni la perception du monde en plein changement : «A cette époque, j'étais en opposition avec mes parents qui ne comprenaient d'ailleurs rien à ce qui se passait. Ils étaient profondément conservateurs et découvraient tout ça avec appréhension. Mais c'est surtout lorsque j'ai travaillé dans une forge durant six mois que ma perception des choses a vraiment évolué».
Engagement social
En 1976, Charles Margue revient de Vienne sans finir son année universitaire et en attendant de partir à la faculté de sociologie de Paris, il donne un coup de main pour l'administration dans une entreprise familiale. Là, il calcule les heures de travail des ouvriers et leur remet dans l'atelier, acompte et paie en cash dans une enveloppe.
«J'avais 20 ans, je venais d'une famille catholique nantie et pour la première fois de ma vie, je me retrouvais dans le monde ouvrier et je voyais combien ils gagnaient, je remarquais les différences de salaire, les inégalités».
Pendant ses années d'études à Paris, il suit des formations auprès de la mission de France et rencontre des prêtres ouvriers en salopette, délégués CGT au sein d'une Eglise pauvre.
Après ses études de démographie à Paris, Charles Margue rentre au Luxembourg où il travaille à l'institut de sondages ILReS (devenu TNS ILReS) dès 1985.
«Ma profession m'a obligé à garder une réserve par rapport à la politique car je réalisais des sondages d'opinion. J'ai étendu ma compétence à des ONG comme Greenpeace, l'ASTI, le MECO, Cercle des ONG-D ou Fairtrade Luxembourg qui militaient alors sans vraiment connaître leur public. C'est à travers ma profession que j'ai pu voir que le social et l'écologie avaient des points de convergence et c'est ainsi que petit à petit, j'ai pu m'identifier avec un parti comme celui des Verts».
Charles Margue a été élu le 14 octobre dernier dans la circonscription centre avec 9.515 voix. Il se place en quatrième position derrière François Bausch, Sam Tanson et François Benoy et participait pour la première fois de sa vie à une élection.
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