Une vitrine sur le monde
Une vitrine sur le monde
Le défi était inversement proportionnel à la taille du projet. Comment concevoir une œuvre artistique qui aurait pour cadre une vitrine aux dimensions plus que réduites? Julie Wagener a trouvé la réponse avec son installation «Pillars of the Earth».
Patiemment elle accroche les quatre vitraux de son installation, règle l’éclairage pour la photo. Les passants de la rue du Curé à quelques pas de la place d’Armes suivent amusés ou indifférents le manège. L’artiste Julie Wagener apprécie pouvoir dévoiler avant l’heure le fruit des mûres réflexions.
«Au début lorsque l’on m’a proposé d’exposer ici, je me suis bien évidemment posé la question de l’espace qui m’était mis à disposition. C’est certes un défi, mais les contraintes sont aussi intéressantes», confie l’artiste.
Microcosme et confinement
Le microcosme qu’elle occupe ainsi, n’est pas sans rappeler une certaine forme de confinement. L’artiste pourtant se refuse à voir quelques possibles parallèles entre son travail et l’actuelle situation sanitaire. «Les questions que je soulève avec ce projet existaient déjà bien avant la crise».
Le fait d’exposer son œuvre dans une vitrine dans une rue passante ne la dérange pas. L’artiste lance une invitation au badaud, ce dernier a le choix de passer son chemin ou bien de découvrir, de s’approprier un bref moment l’œuvre – un acte qui rend superflu la nécessité de franchir le seuil d’un musée, d’une galerie. La nuit, l’installation est illuminée de l’intérieur. «Pillars of the Earth» est donc visible à toutes les heures de la journée, quels que soient le moment ou la météo.
Au début je me suis posé la question de l’espace. Ce fut un défi, mais les contraintes furent aussi intéressantes.
Julie Wagener
L’illustratrice et peintre Julie Wagener a été choisie pour ce nouvel épisode des invitations lancées par la CeCiL’s Box à des jeunes artistes, prêts à investir cette vitrine adjacente aux cimaises du Ratkskeller voisin.
Pour l’occasion Julie Wagener a fait appel à Elora de Pape, une amie mais avant tout artiste-vitraillière. «Je lui ai proposé mes idées, Elora les a ensuite réalisées».
Un incessant va-et-vient
C’est donc un incessant va-et-vient entre les deux artistes qui a ainsi été mis en place. S’est instauré un dialogue entre celle qui imagine, qui crée des idées et celle qui profite de son savoir-faire artisanal pour les transcrire.
Les vitraux ainsi réalisés ne sont pas sans ressembler à ceux que l’on peut retrouver dans certains édifices religieux. Cette concordance est double. D’une part, les objets réalisés par Elora de Pape respectent la tradition de la vitraillerie. L’artiste belge réussit le tour de force d’actualiser un art ancestral et ainsi conserver et reprendre des techniques anciennes.
Des représentations contemporaines
Les gestes et les matériaux sont maintenus. Tout comme le jeu avec la couleur, la forme et avant tout avec la lumière sont repris. Seul, le message des représentations choisies est digne de notre monde contemporain.
C’est à ce niveau qu’intervient le second amalgame avec l’univers des cathédrales et autres églises qui de tout temps ont fait la gloire des vitraux. Le parallèle, cette fois-ci imaginé par Julie Wagener n’a rien de fortuit. L’aspect religieux de ses quatre personnages est voulu.
Comme quatre saints, ils apparaissent au spectateur. Julie Wagener s’explique: «Bien sûr je joue avec cette image de saints, qui comme quatre piliers représentent notre société dans laquelle nous vivons».
Se forger une opinion
Pour l'artiste, les questions économiques, sociales, environnementales et politiques rythment notre vie, nous conditionnent au quotidien. Toutes ces questions qui se posent, nous les acceptons sans nous remettre en cause, sans nous forcer à mener une réflexion propre, sans nous forcer à nous forger une opinion propre». C’est la force et la puissance de certains symboles que l’artiste relativise avec ces quatre allégories du monde. «Jamais nous n’atteignons la connaissance absolue, donc il faut continuer de s’informer pour pouvoir avoir une opinion ou un point de vue propres». Les parties basses des quatre tableaux sont aussi lourdes de sens. D’étranges squelettes sur fond noir se lancent dans une danse macabre, qui au-delà de toutes réminiscences moyenâgeuses vient nous rappeler une indéniable vérité: face à la mort, tous les êtres, quels que soient leurs statuts, leurs vies, leurs actes, sont finalement égaux. Ces petits tableaux en noir et blanc contrastent allègrement avec l’univers coloré des parties supérieures. Pile ou face, «Pillars of the Earth» interpelle. Mission accomplie pour Julie Wagener.
L’installation «The Pillars of the Earth» de Julie Wagener et Elora de Pape est exposée à la CeciL’s Box, rue du Curé, Luxembourg (place d’Armes) jusqu’au 17 janvier 2021.
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