Regards croisés
Regards croisés
par Raphaële Faure
Déjà un cinquième disque pour cette artiste qui a commencé le piano à l’âge de cinq ans au Conservatoire de Luxembourg et qui est actuellement chargée de cours à l’école régionale de musique de Dudelange. Après le rapprochement de Rameau et Ligeti (2014), ou celui de Liszt avec Berg et Schoenberg (2015), Cathy Krier nous propose un disque qui rassemble les «Images» ainsi que des «Masques» de Debussy opposés à une tout autre interprétation de ce titre dans la version de Karol Szymanowski. Le nouvel album de Cathy Krier a été enregistré en octobre 2016 dans la salle de musique de chambre de la Philharmonie de Luxembourg. Un même intitulé pour un traitement tout à fait différent alors que les deux œuvres ne sont séparées que par une petite dizaine d’années. Cette période du changement de siècle inspire beaucoup la pianiste qui y voit l’opportunité d’explorer de nombreux langages musicaux, variés et nouveaux.
Titres évocateurs et flous
Debussy aimait ce qu’il avait écrit avec ses recueils «Images». Même s’il préférait pour qualifier sa musique les termes d’«ambiance» ou de «réalités» à celui d’impressionnisme, on retrouve des titres à la fois évocateurs et très flous. Mais rien d’indéterminé dans le piano de Cathy Krier pour donner vie à ces pièces: discours léger et détaché comme des «Reflets dans l’eau», rigueur d’un «Hommage à Rameau», force et caractère dans le «Mouvement perpétuel» autour duquel se construit la mélodie. Dans le deuxième livre d’«Images», que la pianiste trouve plus «poétique, atmosphérique, mystique», sa délicatesse trouve sa pleine expression. Les situations, les instants évoqués prennent possession de l’espace, parfaites représentations d’un monde en suspension perçu comme une succession de touches de couleurs par l’interprète.
La tragédie de l'existence humaine selon Debussy
Restent les «Masques». Petite pièce chez Debussy, qui reflète la tragédie de l’existence humaine, où l’interprétation de Cathy Krier marque les moments d’intensité, d’énervement, de réflexion mais aussi de déception. Ceux-ci deviennent traduction musicale de trois mythes classiques aussi différents que «Shéhérazade», «Tristan» ou «Don Juan» chez Szymanowski. L’interprète entre véritablement dans chaque histoire avec talent et compréhension, l’esthétique des pièces alternant délicatesse et transparence, dissonances et ruptures. Dans la difficulté de cette partition, Cathy Krier livre une musique qui établit chaque évocation dans son unicité, son caractère porté par un toucher et un sens du discours parfaitement maîtrisés et plein de grâce.
Cathy Krier «Masques» Claude Debussy, Karol Szymanowski éditeur: Holger Urbach Musikproduktion
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