On casse, on reconstruit peut-être
On casse, on reconstruit peut-être
Tout commence par des rires : une sorte de chef d’orchestre vient s’installer face au public. Sur son pupitre à partitions, un disque 45 tours. À sa droite, cinq musiciens et une chanteuse. Des musiciens qui vont « jouer », avec leurs instruments et leurs corps, la musique de ce disque antique, notamment ses grésillements, ses soubresauts et sons répétés, qui vont aussi réagir instantanément aux réactions du chef. Pantomime sonore burlesque.
Tout continue dans des rires étonnés : pour entrer dans sa maison – plutôt défraîchie, elle occupe le plateau -, pour s’installer dans sa cuisine, un couple en démolit les murs…
On continue à rire : l’homme, en training étriqué et daté, fait énergiquement la vaisselle. On rit, mais tout à coup, la femme s’exclame : « Je veux qu’on se sépare ».
Elle lui reproche de privilégier les problèmes domestiques ou sa Renault Scénic alors qu’elle est en manque d’amour. Il s’inquiète d’une de ses absences récentes : l’aurait-elle trompé ? Un couple qui s’effondre – comme les murs.
Un spectacle non traditionnel
Mais tout à coup, la chanteuse intervient et nous donne à entendre quelques vers du « Liederkreis op. 39 » de Robert Schumann. On y parle de rupture, d’abandon, de solitude. Un contrepoint, émouvant celui-là, à ce qui déferle sur le plateau.
Et l’on retrouve alors la façon de faire à la fois savoureuse et sérieuse de Samuel Achache. Qu’on a déjà découverte au Grand Théâtre (il collaborait alors avec Jeanne Candel) grâce à son « Crocodile trompeur » (le Didon et Enée de Purcell) et à « Je suis mort en Arcadie » (l’Orfeo de Monteverdi).
Il s’agit de donner à entendre une grande œuvre du répertoire, mais sans en faire un concert ou une représentation traditionnelle, en l’inscrivant dans une fiction, dans des séquences déjantées, mais qui en respectent et en expriment l’esprit. C’est donc aussi éminemment inattendu et loufoque que fidèle. Il y a toujours beaucoup de bric-à-brac dans ces mises en scène-là, on démolit, on entre par les toits, on sort par les fenêtres. On est en territoire absurde ou surréaliste.
Un travail collectif et créatif
Dans ce dernier spectacle, un piano tombe des cintres et engloutit son pianiste. Celui-ci va s’y trouver plongé dans le bain de toutes ses larmes. Tristan et Yseut nous raconteront leur fatale histoire. Un autre « s’arrachera » le cœur (une petite peluche qu’il tire d’une poche de poitrine), l’interpellera, le verra partir, le priera de revenir. Après que tout aura été détruit sous nos yeux, après que les Lieder de Schumann nous auront émus de leurs déplorations, peut-être y aura-t-il un espoir de réconciliation, de reconstruction…
Ce spectacle est le fruit d’un remarquable travail créatif collectif : tous les interprètes, emmenés par Samuel Achache et Florent Hubert, ont été associés à sa conception, à sa mise au point. Chacun, comédiens (Lionel Dray, Sarah Le Picard, Léo-Antonin Lutinier), musiciens (Gulrim Choï, Antonin-Tri Hoang, Sébastien Innocenti, Eve Risser) et chanteuse (Agathe Peyrat), y a mis du sien talentueux.
Malgré quelques inévitables petites chutes de tension et longueurs, tout cela emporte. Les gags se multiplient, la musique est à leur unisson. Oui, on a beaucoup ri, mais on s’est émus aussi avec Schumann.
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