Deborah de Robertis contre-attaque
Deborah de Robertis contre-attaque
Par Marie-Laure Rolland
Une plainte sera prochainement déposée devant la justice contre le Casino Forum d'art contemporain. C'est ce qu'a affirmé mercredi 23 septembre 2015 l'artiste Deborah de Robertis lors d'une conférence de presse. Elle estime être victime de "censure" de la part de l'institution qui a annulé l'exposition programmée pour être inaugurée samedi 26 septembre.
L'artiste luxembourgeoise, manifestement émue - mélangeant les pages du discours qu'elle avait préparé et s'arrêtant pour reprendre son souffle - était entourée de trois militantes féministes. La mise en scène de la rencontre avec la presse avait été soignée puisque quatre gardes du corps avaient été recrutés "pour protéger symboliquement mon travail", a-t-elle dit. Quatre tableaux de son projet d'exposition étaient installés dans la salle. On y voyait notamment une photo où elle exposait son sexe face à l'objectif, assise sur le rebord d'une salle de conférence européenne.
L'annulation aurait été notifiée par mail du 8 juin 2015. La commande aurait été passée le 8 décembre 2014, assortie d'un budget de 70.000 euros et d'un paiement de 10.000 euros pour produire deux projets vidéo composés de 17 pièces. C'est après avoir vu les nouvelles productions que le Casino aurait décidé de rompre son contrat. "Poser l'acte d'annuler une exposition est une décision politique. L'annuler juste après avoir reçu les vidéos constituant un des corpus principal de l'exposition est un acte politique", a-t-elle dit. Pour enfoncer le clou, elle "demande donc au Casino et au Ministère de la culture de prendre officiellement et politiquement position sur l'annulation de mon exposition".
Une performance qui n'est pas passée inaperçue
La Luxembourgeoise Deborah de Robertis s'est fait connaître du grand public en juin 2014 en exposant son sexe sous le tableau de Gustave Courbet, "L'origine du monde", au Musée d'Orsay à Paris. Il s'agissait de revisiter le tableau en donnant chair au modèle, cela afin d'interpeller les spectateurs sur le statut d'objet de la femme qui posait pour Courbet. Cette performance avait fait le tour des médias et des réseaux sociaux, suscitant un buzz assez considérable qui avait même été identifié comme l'un des dix plus grands scandales artistiques de 2014 par le site artnet.com. Interpellée par le service d'ordre, Deborah de Robertis avait été emmenée dans un commissariat avant d'être relâchée.
Lors de la conférence de presse à Luxembourg, l'artiste a expliqué que son travail consiste à incarner le point de vue du modèle féminin afin de remettre en cause le statut d'objet auquel il est cantonné. Plutôt que de sexe, elle parle de "trou" dont la fonction est d'être le miroir des yeux de la personne qui regarde. C'est ce point de vue qui, d'après elle, n'aurait pas été accepté par le directeur du Casino qu'elle accuse de misogynie insidieuse dans la mesure où elle est "une femme dont le point de vue d'artiste est réduit à néant avant même le début de l'exposition".
"Problème de communication"
Interrogé par le Luxemburger Wort, le directeur du Casino, Kevin Muhlen, a indiqué qu'il ne s'agissait en aucun cas de censure. "La question n'était pas le contenu de l'exposition car nous suivons le travail de l'artiste depuis ses débuts. Nous étions également prêts à présenter de nouvelles oeuvres. Le problème est qu'il y a rapidement eu des conflits. Au début cela semblait surmontable mais progressivement le dialogue s'est envenimé. Plutôt que d'aller à la catastrophe, nous avons préféré arrêter le frein d'urgence en mai dernier". Il rappelle que le Casino avait déjà participé à la production de photos de l'artiste en 2013.
Le directeur observe que le fait de travailler à une exposition institutionnelle était nouveau pour Deborah de Robertis. "Elle n'a pas réussi à formuler une proposition claire". Les tensions seraient également apparues suite à son souhait de faire venir une co-commissaire aux côtés de Bettina Heldenstein, du Casino. "Nous avons eu le sentiment d'être progressivement mis à l'écart. Or ce type de projet doit être défendu par les deux parties de la même manière".
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