Critique ciné de la semaine: «Farewell Party»: entre la vie et la mort
Critique ciné de la semaine: «Farewell Party»: entre la vie et la mort
par Thierry Hick
Max, vieillard grabataire cloué à son lit d'hôpital, attend la délivrance finale avec impatience: «Aide-moi à en finir», lance-t-il désespéré à son épouse et à des amis venus à son chevet. Que faire?
Accepter cette ultime demande – quitte à commettre l'irréparable – ou refuser? Yehezkel, bricoleur et inventeur à ses heures perdues, se penche sur la question et finira par inventer une «machine à euthanasier» bien particulière: c'est le malade lui-même qui devra décider du moment du «grand départ». Max fait son choix en toute clarté d'esprit quand il le veut – après avoir enregistré un testament vidéo – et non quand le corps médical l'aura décidé. Ce premier passage à l'acte fera grand bruit dans la maison de retraite où vivent Yehezkel, son épouse Levana, Yana, l'épouse de Max et d'autres pensionnaires. Les candidats à la délivrance finale afflueront...
Dans «Farewell Party», les deux réalisateurs Sharon Maymon et Tal Granit commencent par planter le décor, dressent ensuite le portrait des différents intervenants.
Tendresse et fragilité
D'un âge certain, les personnages sont avant tout des êtres humains d'une très grande tendresse et fragilité. Ce qui ne les empêche pas de se confronter à la réalité et à se poser des questions essentielles. A-t-on le droit de donner, de provoquer la mort d'un proche? Faut-il s'opposer à l'acharnement thérapeutique? Yehezkel et ses amis, une fois le pas franchi, au début doutent encore mais finissent par se convaincre de la justesse de leur décision.
Après avoir fait couler beaucoup d'encre, le sujet de l'euthanasie – donc du droit d'abroger les souffrances – continue de diviser les esprits. Un crime pour les uns, une délivrance pour les autres, le sujet ne peut laisser indifférent.
Documenter des faits bruts
Le film ne juge pas, ne commente pas, mais semble uniquement vouloir documenter des faits bruts. Même si des considérations d'éthique, de responsabilité juridique sont effleurées, celles-ci ne sont pas portées au premiers plans. Il en va de même pour d'éventuelles questions de morale, voire de religion. Sharon Maymon et Tal Granit, qui ont également écrit le scénario de «Farewell Party», apparaissent comme des témoins de quelques destins personnels et particuliers. Un rôle finalement partagé par le spectateur, à qui incombera la tâche d'apprécier et de juger de la véracité des propos... en fonction de ses propres expériences et son affinité avec ce sujet ô combien délicat.
Des «vieux» attendrissants
Les caméras des deux réalisateurs dépeignent un univers très souvent aseptisé et froid, faisant un aller-retour incessant entre l'hôpital et la maison de retraite. Comme si le monde extérieur n'existait pas pour les personnages. Et pourtant ces «vieux» ne sont pas seuls au monde. La relation de Yehezkel et de sa petite-fille est omniprésente. Des liens qui apportent espoir, réconfort et amour face à la mort. Les «jeunes» bien trop préoccupés par leurs vies ne semblent pas concernés par les questionnements de leurs aînés.
Même si l'ambiance est lourde et entrecoupée de longs et pesants silences , «Farewell Party» ne s'interdit pas quelques bouffées d'air, de répit: la rencontre nocturne dans une serre de jardin est la preuve que Yehezkel et sa bande ne sont pas des bourreaux sans cœur ni âme, mais plutôt des grands enfants. Une manière de rendre ces personnages sympathiques et attendrissants.
Excès de zèle
Cette tragi-comédie israélienne, tournée en Israël et coproduite par l'Allemagne, pêche cependant par un excès de zèle peu compréhensible et quelque peu dérangeant. Comme si le sujet principal de l'euthanasie ne leur suffisait pas, Sharon Maymon et Tal Granit en rajoutent une couche avec l'homosexualité soudainement affichée du Dr. Daniel. Une «surprise last minute» qui ne fait pas sens dans ce contexte si particulier. Ou bien s'agissait-il finalement d'en découdre avec d'autres sujets tabous?
Se concentrant à nouveau à l'essentiel, les réalisateurs optent pour une fin lourde de sens et de conséquence. Même ceux qui un temps s'opposaient à la pratique de «donner la mort» et portés par l'amour infaillible de leurs proches peuvent un jour être amenés à revoir leur approche. Une toute dernière fois, le film ne porte ni jugement, ni commentaire.
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