Quand la France se croit mal-aimée
Quand la France se croit mal-aimée
Par Gaston Carré
Emmanuel Macron achève sa tournée en Afrique, où il fut précédé par la pleine charrette de préjugés que les médias emplissent à chaque fois qu’un président français se rend sur le continent noir.
Le préjugé le plus insistant avait été, il y a peu encore, le sentiment de «culpabilité» de l’ancien colon en regard des anciennes colonies, sentiment ressassé un demi-siècle durant, jusqu’à la nausée, jusqu’à la déraison aussi, quand l’obsession post-coloniale empêchait la France de voir que l’Afrique avait mieux à faire que de remâcher ses ressentiments. On a tenté de la raisonner, la France, ses intellectuels les plus fins s’employaient à l’exorciser, à assécher le «sanglot de l’homme blanc» mais rien n’y faisait, la France se flagellait, se complaisait dans une interminable pénitence.
Puis, plus récemment, vinrent les interventions militaires, au Sahel, au Mali notamment. L’ancien colon voulait chasser les démons nouveaux, mais il advint ce qui advient toujours quand une armée moderne se déploie face à une nébuleuse djihadiste: on s’expose au ridicule, quand des blindés de dix tonnes traquent des gamins en mobylette.
Le «sentiment anti-français», formule dangereuse et réductrice.
Lassée de la chasse aux mobylettes la France s’est retirée, sous les quolibets des Africains. Ils n’ont fait que sourire, ce n’était pas bien méchant, allez, mais la France en a déduit que l’Afrique décidément ne l’aime pas. L’Afrique a honni la France au temps où celle-ci la possédait, l’Afrique l’a honnie après qu’elle s’en fut retirée, la honnit une fois encore en ces jours présents où elle se retire après être revenue.
Le «sentiment anti-français»: c’est sous cette formule que les médias - français - fédèrent les affects de l’Afrique à l’égard de la République. Formule réductrice, car la réalité est plus complexe, malsaine en ce qu’elle instaure une négativité de part et d’autre, stérile dans la mesure où elle contient en filigrane encore le complexe de cet homme blanc qui ne finit pas de sangloter. Demandez à un Malien ses vues sur la France: il lui fera beaucoup de griefs, mais il ignorera sans doute ce qu’est ce «sentiment anti-français» qu’on lui prête. Il supposera, dans sa sagesse, que c’est la France en cette affaire qui a désaimé la France. Il supposera qu’une considération mutuelle pourrait être restaurée, si la France en Afrique pouvait voir plus et mieux, enfin, que ses «anciennes colonies».
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