Lisbonne et l'Algarve désertées
Lisbonne et l'Algarve désertées
Par Marie-Line Darcy, correspondante du LW à Lisbonne
Le conseil des ministres du jeudi 12 mars ne pouvait être plus clair: les Portugais devaient se préparer au confinement autogéré. Quelque trente mesures étaient annoncées par le Premier ministre António Costa pour encadrer la phase 1 du processus d’alerte dans le pays.
Ces mesures couvrent la majorité des cas privés ou publics que les habitants peuvent vivre. De la fermeture des écoles dès le lundi 16 mars au «télétravail» ou mise en chômage technique ou partiel également à partir de cette date, en passant par les restrictions d’horaires des services publics ou des établissements privés comme les bars, les restaurants et les discothèques.
Après ces décisions officielles, de très belles journées printanières avaient conduit les étudiants et les touristes, encore nombreux, sur les plages notamment aux alentours de Lisbonne. Les images des baigneurs avaient choqué une grande partie de la population, alors qu’on attendait des décisions importantes.
Depuis lors le rafraichissement des températures a vidé les plages, et les autorités maritimes ont interdit tout rassemblement sportif ou autre en bord de mer. Peu à peu l’idée du confinement volontaire a gagné les esprits : Lisbonne la capitale, Porto la deuxième ville au nord et Faro la capitale de l’Algarve touristique au sud sont désertées. Les supermarchés ont mis en place le contrôle des entrées dans leurs établissements. Mais les files d’attente sont relativement peu denses : une véritable ruée sur les denrées a précédé et suivi l’instauration de l’état d’alerte du 12 mars au soir.
Soutien aux entreprises
Le gouvernement a décidé de procéder à une modification du code du travail afin de faciliter l’usage du chômage technique ou partiel. Les entreprises qui ne peuvent plus produire en raison d’une rupture dans la chaîne d’approvisionnement ou qui perdent 40 % de chiffre d’affaires par rapport à la même période de l’an dernier, peuvent se dispenser de personnel. Ceux-ci seront indemnisés à hauteur de 66 % de leur salaire habituel.
Une ligne de crédits a été mise en place à laquelle les entreprises peuvent recourir si besoin. L’État fait tout pour empêcher les licenciements, mais certains secteurs d’activités y ont déjà recours.
Les frontières terrestres fermées avec l’Espagne
Les Premiers ministres portugais et espagnol ont décidé de restreindre la circulation routière entre les deux pays. Au total neuf points de passage sont possibles. Il s’agit de permettre la circulation des marchandises. En effet, le Portugal, situé à l’extrémité de l’Europe occidentale, est très dépendant de la route pour son approvisionnement.
De leur côté, les touristes peuvent sortir mais pas entrer au Portugal. Les neuf postes de frontières ouverts permettent la libre circulation des résidents et des frontaliers ainsi que celle des camions de marchandises. Le Portugal qui dépend du tourisme et de la consommation interne pour son développement économique s’attend à une forte chute de l’activité.
Si certains ont évoqué une baisse de 4 milliards d’euros dans les recettes mensuelles, il est prématuré d’avancer des certitudes. Mais force est de constater que les touristes ont pratiquement disparu : les services, restaurants, bars, discothèques ont baissé le rideau. Les compagnies aériennes annulent leurs vols, par peur de voir leurs avions cloués au sol à l’étranger ce qui entrainerait des pertes supplémentaires.
Vers un durcissement des mesures?
Le Portugal pourrait passer au stade de l'état d’urgence, le dernier stade du processus de prévention élaboré par le pays. Les hautes autorités du pays ne parviennent pas à s’entendre. D’un côté le Premier ministre cherche à protéger le plus possible les libertés individuelles , de l’autre le Président de la République souhaite le confinement. Il a décidé de consulter le Conseil National avant de prendre sa décision. Elle n’interviendra pas avant ce mercredi.
