Les barrages liégeois mieux contrôlés
Les barrages liégeois mieux contrôlés
Par Max Helleff (Bruxelles)
Deux milliards d'euros: c'est ce qu'ont coûté à ce jour au gouvernement wallon et aux assureurs les inondations consécutives aux pluies diluviennes qui ont ravagé les vallées liégeoises à la mi-juillet 2021. Plus exactement, 963 millions imputés aux organismes d'assurance et 1,03 milliard à la région. Au lendemain de la catastrophe qui a fait 39 morts et détruit quelque 48.000 bâtiments et habitations, le coût total avait été estimé à 1,670 milliard d'euros.
Ces chiffres ne disent rien des difficultés que rencontrent encore les sinistrés. La chaîne publique RTBF a diffusé ainsi un reportage relatant la galère d'un couple qui se débat face à un entrepreneur véreux. Ce ne serait qu'un exemple. En dépit des rénovations, d'autres ont perdu une partie de leur patrimoine, la valeur des maisons victimes des inondations s'étant littéralement effondrée. De quoi faire le bonheur de jeunes couples et de promoteurs à la recherche de la bonne affaire…
La rumeur du barrage d'Eupen
En janvier dernier, un nouveau protocole d'intervention a été négocié par le ministre-président wallon Elio Di Rupo et les assureurs. 323 millions d'euros ont été ajoutés à l'enveloppe, mais d'autres sommes pourraient être libérées si le coût des sinistres continuait à augmenter.
Le drame qui a frappé les vallées liégeoises a également donné lieu à une commission d'enquête parlementaire qui a cherché à en comprendre les origines et à déterminer les responsabilités. Un point a dès le début retenu l'attention: le rôle tenu par les barrages, et plus particulièrement par le barrage-réservoir d'Eupen, dans la montée subite des eaux.
A l'époque, de nombreux témoignages de riverains avaient fait état d'une hausse des eaux d'un mètre, sinon davantage, en moins d'une heure. Les habitants des communes sinistrées en étaient convaincus: «on» avait subitement ouvert les vannes du barrage d'Eupen pour évacuer au plus vite un volume d'eau devenu incontrôlable. A les entendre, ils avaient payé le prix fort des inondations en raison du manque de prévoyance des gestionnaires des structures dédiées à la retenue des eaux.
Ces affirmations n'ont pas fini d'être débattues. Une enquête judiciaire est toujours en cours. Les premiers échos font état de dysfonctionnements et d'un manque d'anticipation au barrage d'Eupen. D'une faute non individuelle, mais «collective». D'une absence de «culture du risque» aussi, qui aurait contribué à alourdir le drame en préparation, sinon à le provoquer.
Tout l'enjeu est de savoir si le monde politique régional et local aura le courage et la volonté politique de rendre leur place à ces cours d'eau au détriment des zones dédiés à l'habitat.
Assurer la sécurité des barrages-réservoirs
En attendant la fin de l'enquête, une série de recommandations ont été formulées qui doivent aboutir à un cadre légal. Plusieurs mesures ont déjà été prises afin d'améliorer la réactivité des gestionnaires de barrage et leur capacité de surveillance. On note aussi des échanges d'expériences avec les équipes qui contrôlent les barrages de la Ruhr, à l'est des vallées liégeoises. Un projet prévoit également d'obtenir «un outil dynamique d'aide à la décision tenant compte des observations de précipitations, de l'état des réserves d'eau et des prévisions météorologiques en conciliant les objectifs prioritaires des barrages». Une future législation (décret) mettra en place un contrôle externe des infrastructures, au-delà des procédures existant en interne afin d'«assurer la sécurité des barrages-réservoirs».
Mais quid du risque structurel lié à la topographie des vallées ? Un schéma multidisciplinaire de lutte contre les inondations de la Vesdre est à l'étude en ce moment à l'université de Liège. Il doit établir les conditions d'une prévention performante des crues, en tenant compte de l'impact sur la destination de l'habitat et sur le développement économique. Les inondations ont effet mis en évidence le piètre sort réservé aux rivières des vallées liégeoises par l'industrialisation au XIXe siècle. Etranglées par le bâti privé et industriel, privées d'espace, elles sont sorties de leur lit et ont tout détruit sur leur route sous l'effet des pluies diluviennes. «La rivière s'est vengée …»
Avec quels moyens financiers?
Désormais, tout l'enjeu est de savoir si le monde politique régional et local aura le courage et la volonté politique de rendre leur place à ces cours d'eau au détriment des zones dédiés à l'habitat. Le ministre wallon des Infrastructures Philippe Henry espère pouvoir trouver des «ressources supplémentaires pour des aménagements concrets, des acquisitions, des réaménagements d'équipements pour freiner le cours de l'eau, mais aussi intégrer les impacts des révisions du plan de secteur.»
Problème: la région wallonne boit la tasse budgétaire. En octobre dernier, l'exécutif a dû mobiliser trois milliards d'euros pour faire face à la crise énergétique tout en assurant la soutenabilité de la dette.
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