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«Le monde de demain» - la géopolitique occidentale face aux totalitarismes
International 5 Min. 26.02.2023
Un an de guerre en Ukraine

«Le monde de demain» - la géopolitique occidentale face aux totalitarismes

«Il n’y aura pas de solution diplomatique sérieuse et équilibrée à ce conflit sauf disparition du régime poutinien et de sa clique», constate l'historien et journaliste Pierre Servent.
Un an de guerre en Ukraine

«Le monde de demain» - la géopolitique occidentale face aux totalitarismes

«Il n’y aura pas de solution diplomatique sérieuse et équilibrée à ce conflit sauf disparition du régime poutinien et de sa clique», constate l'historien et journaliste Pierre Servent.
Photo: AFP
International 5 Min. 26.02.2023
Un an de guerre en Ukraine

«Le monde de demain» - la géopolitique occidentale face aux totalitarismes

Dans son ouvrage, Pierre Servent propose aux Occidentaux de tirer déjà plusieurs enseignements de la guerre en Ukraine.

Par Théo Recoules

«Nous assistons désormais au retour de la guerre de haute intensité en Europe: ce continent ne l’avait pas connue depuis 1945.» Dès les premières pages de son livre «Le Monde de demain», paru en novembre dernier, l’historien et journaliste Pierre Servent plante franchement le décor. Comme s’il sentait nécessaire que les lecteurs ressentent l’ampleur et la gravité de la situation. 


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«Parfois, alors que nous sommes à près de 2.000 kilomètres, tout cela peut paraître un peu éloigné de nos réalités et des urgences auxquelles notre société doit faire face. Inflation, crise de l’énergie, pouvoir d’achat grignoté … et pourtant, elles sont directement imputables à l’invasion russe», rappelle l’auteur lors d’un entretien téléphonique, avant de conclure, en prévenant «cette guerre d’Ukraine est la nôtre, même si nous ne sommes pas en guerre contre la Russie. Laisser dépecer l’Ukraine sans broncher serait un crime contre nos valeurs et la marque d’un aveuglement dangereux».

Une Russie engluée, mais obligée

Un an après le début des combats, le compte n’y est pas côté russe. Dès le départ, «l’objectif affiché de l’agresseur russe (était) la disparition pure et simple de l’Ukraine en tant que nation souveraine, puis sa domination, enfin son annexion avant son assimilation».

Alors qu’il avait parié sur une guerre éclaire, «attaquant simultanément 60% des frontières, mobilisant un budget militaire dix fois supérieur à la nation qu’il tente d’envahir», les pertes, en douze mois de combats, sont «colossales, et la situation n’est pas gagnée». Car, «la première réussite de Poutine est d’avoir soudé tout un peuple contre le sien et d’avoir fait taire les querelles politiques de ce pays fragilisé depuis longtemps par l’héritage soviétique de la corruption».

Dans son esprit, Poutine ne conquiert rien, il se contente de reprendre ce qui a été indûment confisqué à la Russie par l’Histoire.

Pierre Servent

«Je souhaite bien sûr vivement que l’invasion s’arrête immédiatement. Mais cet idéal semble aujourd’hui impossible et le discours de ce matin (mardi, ndlr) le confirme. Négociations et diplomatie sont des mots qui n’ont aucun sens aux yeux de Poutine», explique le journaliste et expert des questions militaires. Pourquoi alors ne pas rappeler les troupes à Moscou? A cette question, Pierre Servent apporte deux réponses glaçantes. 

D’abord parce que «dans son esprit, Poutine ne conquiert rien, il se contente de reprendre ce qui a été indûment confisqué à la Russie par l’Histoire. Donc il ne reculera pas et il n’y aura pas de solution diplomatique sérieuse et équilibrée à ce conflit sauf disparition du régime poutinien et de sa clique». L’expert militaire souligne ensuite le fossé qui s’est creusé entre les démocraties solidaires des Ukrainiens et les totalitarismes russe et chinois. Chez ces derniers, «se trouvent ces derniers temps un désir irrépressible de retour à la pureté du clan et une forme de désinhibition par rapport à la violence comme mode de règlement des différends. À écouter certains leaders, purification et rééducation seraient en passe de devenir la martingale parfaite pour souder les peuples dans une période anxiogène et belligène».


TOPSHOT - Russian President Vladimir Putin delivers his annual state of the nation address at the Gostiny Dvor conference centre in central Moscow on February 21, 2023. (Photo by Sergei KARPUKHIN / SPUTNIK / AFP)
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On en viendrait à craindre le pire, notamment sur le recours à l’arme nucléaire, mais Pierre Servent écarte cette hypothèse et décrypte le langage cynique poutinien en la matière: «Il utilise la menace de l’arme suprême comme couverture pour ses actions conventionnelles. Il envoie par là même au monde un funeste message: si vous voulez envahir tranquillement votre voisin, devenez une puissance nucléaire. Si vous voulez éviter d’être envahi, ayez recours au parapluie atomique.»

Un nouvel ordre mondial ?

Dans la deuxième partie de l’ouvrage, Pierre Servent revient sur la relation entre la Russie et la Chine, «deux pays tigres de papier» auxquels il prête «un appétit de vengeance sur l’Histoire sans limites» et une relation intéressée qui bénéficiera à l’Empire du Milieu: «La Chine attend l’effondrement russe pour la racheter en discount.»

Face à cela, il ne faut rien attendre du droit international et des organisations créées après la Seconde Guerre mondiale. «Comme la Société des nations (SDN) dans les années 1930, l’Organisation des Nations unies (ONU) est désormais «en état de mort cérébrale». Quelles solutions? Si l'auteur considère que «nous serions à un souffle de bombe de la Troisième Guerre mondiale», il rassure immédiatement un peu en rappelant que «personne ne la veut, pas plus Vladimir Poutine que Xi Jinping. Encore moins les Européens et les Américains».


US President Joe Biden arrives on stage before delivering a speech at the Royal Warsaw Castle Gardens in Warsaw, Poland on February 21, 2023. - US President Joe Biden said support for wartorn Ukraine "will not waver" as he delivered a speech in Poland ahead of the first anniversary of Russia's invasion. (Photo by Wojtek Radwanski / AFP)
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Sans faire montre d’un grand optimisme quant à une issue proche de la crise ukrainienne, soulignant même que le conflit marque l’entrée dans une confrontation au long cours entre les camps qui s’opposent aujourd’hui, Pierre Servent propose aux Occidentaux d’en tirer déjà plusieurs enseignements. D’abord en changeant en profondeur leurs modes de consommation: «Il va falloir apprendre, sans pleurer tout le temps, à se désintoxiquer complètement de certains produits fournis par les dealers russes de gaz et de pétrole et chinois, tout particulièrement les métaux rares indispensables pour l’industrie d’armement, les téléviseurs, les batteries, les véhicules électriques, les pots catalytiques, les éoliennes, etc.»

Puis en permettant à la Finlande et la Suède d’intégrer l’OTAN et ainsi renforcer ce bras armé de l’Europe et de l’Occident. Enfin, en parlant de puissance européenne, «un mot qui n’est plus obscène», comme il l’écrit avec soulagement: «Les Européens sont été également au rendez-vous de l’Histoire en serrant les rangs et en aidant militairement Kiev.»

Pierre Servent, «Le monde de demain», 228 pages, Editions Robert Laffont, ISBN  2221265874, 20 euros.

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