Conner Rousseau ou la résurrection des socialistes flamands
Conner Rousseau ou la résurrection des socialistes flamands
Par Max Helleff (Bruxelles)
Il est le parti qui monte, qui monte. Il y a quelques années à peine, peu de gens auraient misé sur la survie du Socialistische Partij, devenu un temps SP.A, désormais Vooruit («en avant»), un nom qui renvoie aux luttes ouvrières d'antan. Pourtant, Vooruit est aujourd'hui le troisième parti de Flandre, derrière la N-VA nationaliste de Bart De Wever et le Vlaams Belang de Tom Van Grieken (extrême droite).
Vooruit parie sur la jeunesse. Son président, Conner Rousseau, est âgé de 30 ans et possède l'art consommé d'attirer les caméras sur sa personne.
Citez-moi un pays dans le monde où la liberté et la prospérité des gens ont progressé alors que l'extrême droite était au pouvoir. Un seul exemple! Vous n'en trouverez pas car il n'y en a pas.
Conner Rousseau, président du Vooruit
Lors de la réception de Nouvel An, il a déclaré que «Vooruit retient les extrêmes. Citez-moi un pays dans le monde où la liberté et la prospérité des gens ont progressé alors que l'extrême droite était au pouvoir. Un seul exemple! Vous n'en trouverez pas car il n'y en a pas», a-t-il lancé.
Pour retenir les extrêmes – soit les ultranationalistes du Vlaams Belang et les communistes du PTB-PVDA – Conner Rousseau se dit prêt à forger une coalition au parlement flamand avec la N-VA nationaliste de Bart De Wever. Ce qui ne l'empêche pas d'égratigner au passage le ministre-président flamand Jan Jambon, l'un des féaux de De Wever, en l'accusant d'être plus intéressé par le fait «de foutre en l'air la Belgique que de rendre la Flandre plus forte».
Des sanctions pour ceux qui n'apprennent pas le flamand?
Pour «rendre la Flandre la plus forte», Conner Rousseau a émis ces derniers temps une série d’idées qui «dépotent». Après avoir tout un temps condamné les mesures de coercition du gouvernement régional flamand à l'égard de ceux qui ne font aucun effort pour apprendre le néerlandais, il s'est dit soudain «ouvert» aux discussions sur d'éventuelles sanctions infligées aux parents d'origine étrangère qui refusent d'apprendre l'idiome du cru. Ces sanctions viseraient les allocations familiales, notamment. En cela, Rousseau rejoint la N-VA de Bart De Wever sur le fond.
Quand je passe par Molenbeek en voiture, je ne me sens pas en Belgique.
Conner Rousseau, président du Vooruit
Cette prise de position a été qualifiée de virage à 180 degrés par les observateurs politiques. Conner Rousseau a depuis renchéri, déclarant qu’il faudrait permettre à «certains jeunes qui se lassent de l’école à 16 ans» d'accéder au travail sans continuer leur scolarité jusqu’à 18 ans, comme l’exige la loi.
Imposer l'apprentissage du néerlandais (avec ce que cela suppose de réflexe identitaire) et risquer de galvauder l’idée selon laquelle les études permettent l’émancipation de la classe ouvrière: ces deux sorties ont solidement bousculé la gauche flamande traditionnelle.
Mais Conner Rousseau persiste et signe: un brin provocateur, il continue à dire qu'il ne se sent pas chez lui à Molenbeek, la commune bruxelloise qui concentre le plus de problèmes liés à l’immigration. «Quand je passe par Molenbeek en voiture, je ne me sens pas en Belgique», avait-il déclaré en avril dernier. Il vient récemment de réaffirmer ses propos tout en demandant que cette commune «investisse dans la langue, la garde d'enfants et l'éducation». Il relève au passage que certains parents d'élèves ont besoin d'un interprète pour se faire comprendre des enseignants.
Toutes ces déclarations font mal aux adeptes du socialisme de papa. Vooruit s'éloigne ainsi sur le plan idéologique du parti socialiste, son homologue francophone qui s'abstient pour l'instant de commentaires acerbes. Les deux partis sont pourtant d'accord sur un point: mieux vaudra gouverner au lendemain des élections de 2024 avec la N-VA de Bart De Wever que d'admettre dans une coalition le Vlaams Belang de Tom Van Grieken. Et pour cela, certains tabous semblent promis au broyeur de la real politik.
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