Bête et méchant
Bête et méchant
Par Gaston Carré
Le premier massacre de Paris, celui du 7 janvier 2015, a un an d'âge déjà, et Charlie Hebdo commémore le drame par une couverture à sa façon, la façon Charlie, «bête et méchante», qui en 1968 nous faisait rire, qui aujourd'hui hélas nous consterne.
Car le monde depuis lors a changé, ce que nul n'ignore, nul sauf Charlie, bête et méchant, outrancier comme à son habitude, cabré sur un fond de commerce idéologique que Charlie tient pour immuable, comme si aujourd'hui encore, en 2016, le monde était une salle de classe où des potaches hilares pouvaient jeter des boules puantes à leurs profs consentants. Les attentats ont un an donc, mais Charlie n'a rien appris, pas même que le temps de Charlie est révolu.
«L’assassin court toujours»
La Une de Charlie donc. Un dieu barbu et taché de sang, fusil d’assaut dans le dos, à l'enseigne «Un an après, l’assassin court toujours». Et, pour ceux qui au vu de cette couverture n'auraient pas compris encore que Charlie est l'autre visage aujourd'hui de l'intégrisme, cet édito dans lequel le directeur de la publication explique vouloir dénoncer «les fanatiques religieux abrutis par le Coran et les culs-bénits d'autres religions».
Ce qui nous consterne, face à cette Une de Charlie, c'est la double radicalité qui depuis un an nous étrangle. Ces radicalités cornes contre cornes, dogmatisme contre dogmatisme, cette façon que l'on a, de part et d'autre, chez les barbus comme chez ceux qui font profession de les combattre, de camper sur des positions tenues pour inaliénables, cette obstination sourde, cette haine qui émanant des califes à front de bouc a contaminé des laïcs au front bas, ces shériffs de la liberté d'expression dans leur confrontation aux ayatollahs de la charia.
Le choix de la bagarre
Le Proche-Orient est en feu, des banlieues d'Europe brûlent et leurs jeunes disjonctent, et alors que devant les flammes qui montent des hommes de toutes confessions cherchent le dialogue, l'apaisement, le retour à la raison après le triomphe des passions, Charlie a cru juste et bon d'ajouter le mépris au mépris, l'outrage au carnage, d'insulter l'islam en son coeur le plus sensible, son Prophète et les protocoles de sa représentation, réitérant ainsi ce qui à l'origine mit le feu aux poudres.
Des millions de musulmans dans le monde condamment la violence, mais nous adjurent de respecter ce qui leur est cher. Nous sommes nombreux à les entendre, pas Charlie. Charlie se fout du dialogue, Charlie veut la bagarre, qui mieux que la paix fait vendre: juché sur le piédestal de carton où il proclame son attachement à la liberté d'expression, Charlie est attaché surtout à la survivance d'une feuille qui eut son heure de gloire, nécessaire et salutaire, mais qui aujourd'hui n'est plus que la grimace résiduelle d'une idéologie immature, qui n'a pas compris que face aux drames du temps présent la culture du pet ne peut avoir valeur de programme éthique.
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