Affaire Palmade, ou le prix de la fête
Affaire Palmade, ou le prix de la fête
Par Gaston Carré
Ne méprisons pas, dans notre rapport à l’actualité, ce genre mineur que sont les «faits divers», car les émois qu’ils suscitent disent long parfois de ce qui anime la collectivité. Ainsi l’affaire Palmade, en France. On la croit requise par l’Ukraine, la France, ou par la réforme des retraites. Or la France depuis des semaines est médusée par l’accident causé par Pierre Palmade, l’humoriste, qui après avoir consommé cocaïne et produits dérivés a jeté son automobile contre un véhicule venant en sens inverse - trois blessés graves dont une femme enceinte qui a perdu son bébé.
La France donc est troublée, intriguée. Par ces «fêtes» qu’ils font, les «happy few», ces fêtes très particulières dont on ne connaît pas bien encore les us et coutumes. La France aime la fête, qui dure un soir, mais le lendemain elle cuve son vin. Mais là, dans les fêtes façon Palmade, l’ivresse est plus longue, alimentée par ces drogues nouvelles qui vous permettent, dit-on, de durer quatre nuits, on parle de «chemsex», signifiant des fantasmes les plus échevelés.
La cocaïne s’est insinuée dans notre quotidien.
Qu’est-ce que cette chimie nouvelle? C’est une chimie de sorciers en sous-sol, qui bidouillent des produits aussi puissants que vénéneux, dont l’usage s’est répandu au temps du confinement. Alors que la pandémie retenait le monde dans ses foyers, le monde s’est massivement servi, via Internet, dans cette pharmacopée nouvelle, dont les substances peuvent vous laisser épuisé ou comateux, mort parfois, et c’est cette dimension-là qui trouble, cette prise de risque, quand pour un éblouissement fugace on s’expose à une transe définitive, dans cette affaire Palmade dont les médias se gargarisent à l’enseigne de la «descente aux enfers».
Il faut, pour qu’un phénomène puisse fasciner, que sa dimension énigmatique soit pavée de prémisses connus. Or l’affaire Palmade nous rappelle ce que nous savons déjà: la cocaïne est parmi nous, dont les produits de sorciers ne sont qu’adjuvants. La cocaïne s’est insinuée dans notre quotidien, alimentant les transgressions de quelques-uns mais irriguant la «culture» de tous, cette culture de l’exultation, de l’effervescence, du «lâcher-prise», qui fait qu’un matin on peut croiser la route d’un individu qui soudain dévie de sa trajectoire. Nous nous sommes inclinés devant son avancée, sa diffusion dans l’espace public, et des ivresses qu’elle produit nous sommes collectivement responsables.
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