Wählen Sie Ihre Nachrichten​

"Nous voulons doubler la taille du groupe"
Wirtschaft 10 Min. 16.10.2021 Aus unserem online-Archiv
Ariane de Rothschild

"Nous voulons doubler la taille du groupe"

François Pauly (à.g.), Ariane de Rothschild, Yves Stein entament la prochaine phase de croissance du groupe.
Ariane de Rothschild

"Nous voulons doubler la taille du groupe"

François Pauly (à.g.), Ariane de Rothschild, Yves Stein entament la prochaine phase de croissance du groupe.
Photo: Anouk Antony
Wirtschaft 10 Min. 16.10.2021 Aus unserem online-Archiv
Ariane de Rothschild

"Nous voulons doubler la taille du groupe"

Nadia DI PILLO
Nadia DI PILLO
Ariane de Rothschild, présidente du groupe bancaire Edmond de Rothschild, était de passage au Luxembourg pour présenter les projets de développement du groupe.

Depuis 1953, le groupe Edmond de Rothschild est un acteur majeur de la banque privée et la gestion d'actifs et cela ne doit pas changer. En substance, tel est l'état d'esprit d'Ariane de Rothschild neuf mois après le décès de son mari Benjamin de Rothschild, à qui elle a succédé à la présidence de la holding familiale en janvier. 

 Ariane de Rothschild
Ariane de Rothschild
Photo: Anouk Antony

«Sur la stratégie, il n'y a pas de changement de cap», assure d'emblée la banquière âgée de 55 ans, de passage au Luxembourg pour présenter les projets de développement du groupe. «Nous avons constitué au fil des années un écosystème cohérent avec un pôle financier et bancaire solide, les activités art de vivre, les fondations philanthropiques et la voile. Notre feuille de route, qui consiste à renforcer notre position de maison d'investissements de convictions et à rentabiliser nos activités non financières, reste inchangée. Comme toute entreprise familiale, nous nous inscrivons sur un temps très long», explique celle qui est désormais seule aux commandes du groupe franco-suisse. 

Fondé à Paris par le baron Edmond de Rothschild, le groupe bancaire totalise aujourd'hui pas moins de 180 milliards de francs suisses sous gestion avec une présence dans 16 pays, dont le Luxembourg. En 1997, au décès de son père Edmond, Benjamin de Rothschild avait repris le flambeau et mis en oeuvre, à son tour, une forte stratégie de croissance. «Quand on observe ce qu'il a développé, c'est spectaculaire. Le groupe est passé de 20 milliards de francs suisses d'actifs et 900 collaborateurs à aujourd'hui 180 milliards et 2.500 personnes. Alors évidemment, quand on se développe rapidement on pense souvent plus au développement qu'à la structure.» 

C'est donc à la transformation du groupe que s'est attelée Ariane de Rothschild dès 2014 dans l'objectif de constituer un ensemble unifié avec une identité commune. Cette transformation est passée par une simplification de la structure juridique. «Sur ce point, nous avons fait beaucoup de progrès», juge François Pauly, CEO du groupe depuis juin. «Avant, nous avions des entités juridiques disparates, très autonomes, avec des noms différents. Aujourd'hui, c'est plus structuré, même s'il reste encore parfois quelques structures juridiques redondantes». 

Si le CEO poursuit donc le réaménagement des structures du groupe, il travaille aussi à la mise en place d'une plateforme informatique homogène, plateforme qui d'ici à 2025 «sera le seul système informatique dans le groupe». Dans un contexte de digitalisation accélérée, la banque continue de déployer de nombreux investissements dans les systèmes informatiques, «c'est de l'ordre de 100 millions de francs suisses», selon François Pauly. 

Nous avons 600 millions de francs suisses de capital excédentaire, c'est dire si nous pouvons nous permettre d'étudier de près des dossiers qui nous semblent intéressants.

François Pauly

Une fois que la nouvelle plateforme sera en place et la structure juridique plus cohérente, «nous pourrons aussi simplifier notre manière de travailler», poursuit le CEO luxembourgeois. «Cela va nous permettre d'être plus agiles, d'avoir plus de temps pour le front office et d'y investir plus de ressources aussi. Nous avons prévu d'engager plus de 100 banquiers privés au cours des prochaines années.»

Croissance organique 

Le cap est clair: entamer la prochaine phase de croissance, qui pour Ariane de Rothschild se résume en quelques mots: «doubler la taille du groupe». «Nous pensons que c'est tout à fait possible. Nous pensons que la consolidation du secteur ne fait que commencer et que nous pouvons dès lors développer notre position sur certains marchés. Je dirais même que nous n'avons pas encore atteint le potentiel maximum dans toutes les régions où opère le groupe.»

François Pauly
François Pauly
Photo: Anouk Antony

François Pauly annonce donc viser une forte croissance organique pour les prochains exercices. «Nous avons la conviction que nous pouvons nous développer sur toutes les places, que ce soit à Luxembourg, Bruxelles, Paris, en Suisse ou ailleurs en Europe. Nous pouvons compter pour cela sur les fondations d'un groupe fort.» 

Mais le groupe est aussi attentif aux opportunités qui peuvent se présenter sur le marché pour accélérer ce développement. «Nous avons 600 millions de francs suisses de capital excédentaire, c'est dire si nous pouvons nous permettre d'étudier de près des dossiers qui nous semblent intéressants.» Pour François Pauly, c'est clairement la présence sur le marché européen qu'il reste à développer, avec «une présence physique également au Moyen-Orient». 

Au-delà de cette géographie, le groupe recherche avant tout des partenariats stratégiques. L'Asie en est une excellente illustration. Au Japon la banque a depuis une quinzaine d'années un partenariat avec SMBC Nikko Securities. «Nous venons de lancer un partenariat en Amérique centrale et du Sud avec un groupe d'assurances et nous sommes en négociation avec d'autres champions locaux. Nous avons une expérience positive de ces partenariats et nous allons continuer dans cette voie avec des acteurs qui partagent nos valeurs d'investissement.» 

Se renforcer au Luxembourg 

Si Edmond de Rothschild a annoncé vouloir renforcer sa présence en Belgique, c'est le cas aussi pour le «marché domestique luxembourgeois», qui est actuellement loin d'être saturé. «En ce qui concerne nos deux métiers de base, la banque privée et la gestion d'actifs, nous avons ici une offre de qualité, qui est très riche avec des expertises que nous pouvons continuer à mettre en valeur pour nos clients», estime François Pauly. 

Photo: Anouk Antony

«Nous avons des croissances extrêmement positives», se félicite aussi Yves Stein, le CEO de la filiale luxembourgeoise Edmond de Rothschild (Europe). «Sur les six premiers mois de l'année à Luxembourg nous avons enregistré une hausse de près de deux milliards d'euros des actifs gérés dans la banque privée, représentant une collecte nette de 1,25 milliard, et nous avons réalisé 3,5 milliards de collecte en gestion d'actifs.» 

La banque Edmond de Rothschild est présente au Luxembourg depuis plus de 50 ans, elle est l'un des trois centres de gestion internationaux du groupe à côté de Genève et de Paris et gère des succursales en Belgique, en Espagne et au Portugal. «Le Luxembourg était dès le départ un hub très important pour le groupe. Une place financière stable, avec un vivier de compétences très important, une vraie culture de la finance: avoir une place aussi compétente constitue un grand attrait», juge Ariane de Rothschild. 

En octobre 2020, le groupe a regroupé l'ensemble de ses collaborateurs dans le bâtiment Dyapason à la Cloche d'Or. Un changement important pour les équipes luxembourgeoises, jusque-là réparties sur plusieurs sites. «C'est même un vrai changement culturel. Quand les équipes sont éparpillées dans différents endroits, qu'elles n'interagissent pas en face-à-face, qu'elles ne se croisent pas au jour le jour, ce n'est pas un fonctionnement optimal. Un des rôles de François Pauly sera donc aussi de poursuivre la construction d'une culture d'entreprise forte. Nous avons une marque forte certes, mais une culture d'entreprise, c'est encore autre chose. Là aussi, nous voulons nous améliorer.» 

«L'audace de bâtir l'avenir» 

Malgré une longue expérience et un héritage prestigieux, le groupe bancaire ne compte donc pas se reposer sur ses lauriers. Sur la valeur de la marque Edmond de Rothschild, l'une des plus prestigieuses de l'univers financier, la dirigeante se plaît à répéter: «Les marques et noms prestigieux ne survivent que s'ils sont alimentés en permanence et ne restent pas statiques», comme elle l'a encore dit récemment à la presse belge. 


Banque privée Edmond de Rothschild.,Limpertsberg. Foto:Gerry Huberty
Edmond de Rothschild déménagera à la Cloche d'Or
La filiale luxembourgeoise de banque privée et de gestion d'actifs, quittera son site historique en octobre 2020 pour le Dyapason, rue Robert Stümper. Elle y louera 10.000 m2 à l'assureur Foyer.

Depuis ses débuts, le groupe bancaire n'aurait eu de cesse de se dépasser, d'innover et de se perfectionner. «Le groupe a toujours fait preuve d'audace, en prenant des risques sur des thématiques qui lui paraissaient essentielles.» «L'audace de bâtir l'avenir» est d'ailleurs devenue aujourd'hui la signature du groupe. «Il est important de rester bien ancré sur son propre ADN. La famille Rothschild a toujours été très engagée. Au 19ème siècle, c'étaient de grands bâtisseurs, ils ont contribué énormément au rayonnement et au développement économique de cette époque. Je m’inscris dans cette lignée. Notre conviction est que la finance doit servir à construire le monde de demain. Cette conviction s'incarne dans des investissements visionnaires, pionniers, qui ont un impact positif sur l'économie réelle.» 

Selon elle, un des thèmes majeurs des années à venir est l'alimentation et la révolution agricole de demain dans laquelle les investisseurs ont un rôle à jouer pour faire évoluer ces modèles alimentaires. «C'est la raison pour laquelle nous nous positionnons sur ce thème tant au niveau des activités bancaires, philanthropiques qu'au niveau du pôle art de vivre. Nous développons un fonds de private equity sur le secteur de l'agritech.» 

Un autre sujet «complexe, mais incontournable» est celui des flux migratoires. «Je pense que là aussi, c'est un des plus grands enjeux du 21e siècle.» Or, «une grande majorité de pays est en position défensive, tant sur la question des flux de migration légale que des flux de réfugiés. Les impacts économiques et sociaux, notamment en termes de démographies, ne sont pas analysés suffisamment en profondeur.» 


Le nouveau CEO d'Edmond de Rothschild Europe a trente ans a près de 30 ans d'expérience dans la banque privée.
Yves Stein prend la tête d'Edmond de Rothschild
Dès le 1er mai, le Luxembourgeois dirigera la branche de la banque privée helvète installée au Luxembourg.

Avec l'esprit pionnier et pragmatique qui caractérise le groupe, Ariane de Rothschild a donc lancé en interne une recherche sur les enjeux migratoires dans les décennies à venir, sous «l'angle purement macroéconomique». «Car je n'ai pas de rôle politique bien évidemment mais c'est un sujet qui me tient à cœur en tant que citoyenne et, en tant que banquiers, nous avons l’obligation d'avoir une vision claire des trends futurs», dit-elle en guise de conclusion.

Folgen Sie uns auf Facebook, Twitter und Instagram und abonnieren Sie unseren Newsletter.


Lesen Sie mehr zu diesem Thema

Chronique de l’élection présidentielle en France
Le regard hebdomadaire de notre chroniqueur Gaston Carré sur l’élection présidentielle en France.
Tonika Hirdman, directrice générale de la Fondation de Luxembourg, se félicite d'une année record. La somme de 10 millions d'euros a été allouée à plus de 300 projets caritatifs aux quatre coins du monde.
La Fondation de Luxembourg a financé un nouveau camion pour Stëmm vun der Strooss, dédié à la distribution de repas aux sans-abri.
Mieux vaut laisser la pression s'exprimer plutôt qu'exploser au sein de l'entreprise. Formateur en médiation, Christian Bos ne cesse de plaider la cause de la communication permanente comme bon moyen d'apaiser le climat de travail.
Un différent au travail peut naître de trois causes: l'interprétation, la contrainte ou le jugement.