Les PME et les artisans mal préparés
Les PME et les artisans mal préparés
par Thierry Labro
André Thomas a mis la clé sous la porte. Des criminels des temps modernes lui réclamaient 3.800 euros contre ses fichiers informatiques, qu'ils avaient cryptés. A la tête d'Auvergne-Clermont-Pièces, une petite société d'électroménager qui emploie huit personnes en Auvergne, l'entrepreneur a dû fermer boutique.
De 70 à 80 % des entreprises européennes ne sont pas sensibilisées au risque de «ransomware» – c'est le nom de ce type d'attaque – ni à toute la panoplie d'attaques informatiques, a dit la représentante de la Commission européenne, Yuriko Backes, hier matin à l'ouverture d'une journée de sensibilisation à la Chambre des métiers.
Comment toucher les patrons des petites entreprises et les artisans, 90 % du tissu économique luxembourgeois, occupés à faire tourner leur entreprise dans une économie où la croissance reste forte?
C'est la question que se pose le directeur général de la Chambre des métiers, Tom Wirion. «Quand vous organisez une séance d'information sur la transformation digitale, vous avez 150 personnes au mieux. Si vous en faites une sur la cybercriminalité, vous avez 60 personnes», explique-t-il, bien décidé à faire bouger les lignes.
Nouveau service à la Chambre des métiers
La Chambre des métiers a recruté deux spécialistes, dont l'objectif sera non seulement d'informer ceux qui se déplacent au Kirchberg, mais surtout d'aller à la rencontre des PME.
A peine inauguré la semaine dernière, le centre de compétences sur la cybersécurité a été pris d'assaut. Les demandes d'entreprises, surtout des cabinets de consultants pour le moment, pour expérimenter les risques dans la salle 42, sorte de salle d'entraînement, témoigne d'un intérêt grandissant.
Mardi matin, trois entrepreneurs sont venus témoigner de leurs (mauvaises) expériences.
«C'est toujours quand le chef d'entreprise y a été confronté qu'il comprend le problème», a admis Pierre Friob, dirigeant des magasins Abitare et président de la fédération luxembourgeoise de l'ecommerce. Victime, il y a plus de dix ans, d'une infection dans des milliers de courriers électroniques, l'entrepreneur a décidé de ne plus héberger de données. Tout est dans le «cloud», sur un centre de stockage de données spécialisé, des pare-feux ont été installés et les employés sensibilisés avec une double authentification. «Ne bidouillez pas vous-même et n'économisez pas pour avoir de la qualité», conseille-t-il.
Le cloud, c'est ce qui dérange son confrère de Stugalux Construction, Joël Schons, qui redoute que le cloud soit concentré entre les mains des géants des technologies comme Amazon ou Google. Victime d'un virus lié à un courrier électronique qui comprenait les nouvelles spécifications d'une camionnette, l'entrepreneur a décidé de tout débrancher, un vendredi matin, pour éviter de perdre ses fichier les uns après les autres. Des sauvegardes existaient déjà qui ont évité le pire à la société mais l'entrepreneur s'est dit déçu de la réponse de Beesecure.
Sur scène, M. Schons a beaucoup insisté sur le rôle des autorités, surtout européennes, pour protéger non seulement les consommateurs mais aussi les entrepreneurs. «Je ne vois pas pourquoi je devrais payer pour acheter un logiciel et encore payer pour que les défauts de ce logiciel soient corrigés!»
Des remarques très applaudies, au premier rang, par le secrétaire général de la Fédération des artisans, Romain Schmit...
1.000 à 1.500 incidents l'an dernier
Facturation, relations avec les fournisseurs, gestion des congés et des horaires, l'informatique a révolutionné le métier de coiffeur. A la tête de Beim Figaro, huit salons et 80 salariés, Michel Sanna a profité de ses connections à la Chambre des métiers pour s'informer. «Pour s'informer correctement», nuance-t-il.
«Les offres sont là. Beaucoup de personnes ne savent pas ce qu'elles doivent faire ni comment. Je ne suis pas un expert mais je veux être un motivateur! Il faut oser!» Il choisit une société nantaise pour héberger ses données parce qu'elle lui offre une assistance 24 heures sur 24.
S'informer, de manière neutre, passe au Luxembourg par le GIE «Security made in luxembourg», aux manettes face à 1.000 à 1.500 incidents l'an dernier. Et dont la mission est d'informer, de proposer des services de consultant et de formation.
A bon entendeur.
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