"Il y a de l'espoir pour la planète"
"Il y a de l'espoir pour la planète"
La situation est grave, mais il y a de l'espoir, "parce que nous avons toutes les connaissances et technologies nécessaires qui permettraient de maîtriser le changement climatique et de s'adapter". C'est en substance le message adressé par le climatologue belge Jean-Pascal van Ypersele, lors d'une soirée thématique organisée par la banque ING Luxembourg.
Le professeur à l'Université catholique de Louvain et coauteur du rapport des Nations unies sur le développement durable (GSDR) a fait le point sur l'état des connaissances à propos de la question du changement climatique. "Oui, le réchauffement climatique est bien réel et ce sont bien les êtres humains qui émettent des gaz à effet de serre qui sont devenus le principal facteur du changement climatique", explique l'expert, tout en évoquant certaines contre-vérités sur les changements climatiques qui sèment la confusion, et brassent des milliards de dollars pour diffuser leurs idées dans l'opinion publique.
La pollution de l'air tue sept millions de personnes par an dans le monde; l'ensemble du continent européen concentre environ 500.000 morts.
Or, "les experts sont d'accord sur le diagnostic et c'est une bonne nouvelle quelque part, parce que cela nous donne les leviers d'action", poursuit-il. Dans le même temps, ce constat n'est pas une bonne nouvelle, "parce qu'il y a toute une série d'impacts qui commencent à affecter sérieusement aussi bien les écosystèmes de la nature que les humains et leurs activités".
Un chiffre impressionnant, selon Jean-Pascal van Ypersele, donne la mesure du péril. "La pollution de l'air tue sept millions de personnes par an dans le monde; l'ensemble du continent européen concentre environ 500.000 morts." Les causes de cette pollution sont largement les mêmes que celles de l'augmentation de la concentration des gaz à effet de serre, à savoir la combustion de charbon, de pétrole, de gaz et de bois. "Les pauvres sont affectés les premiers quand il y a des événements extrêmes, parce que le risque ne dépend pas seulement de l'aléa, mais il est aussi fonction de la vulnérabilité des personnes", rappelle le professeur.
Autre chiffre qui interpelle: tous les jours, un milliard d'euros quittent l'Union européenne pour acheter, à l'extérieur des frontières des combustibles fossiles. "Imaginez ce que l'on pourrait faire si on pouvait réorienter ces flux financiers dans une direction plus vertueuse", lance Jean-Pascal van Ypersele.
Pour lui, il ne fait pas de doute: la première chose à faire, c'est "accorder une priorité politique beaucoup plus grande à la résolution de ce problème et plus largement à la résolution des problèmes environnementaux". Il rappelle qu'à la COP 21 de Paris, fin 2015, les États se sont engagés à réduire leurs émissions pour rester "bien en deçà de 2 °C" par rapport à l'ère préindustrielle. L'ONU a ensuite chargé son Groupe des experts du climat (GIEC) de produire un rapport sur l'objectif + 1,5 °C.
Ce rapport, basé sur 6.000 études scientifiques, montre que stabiliser à + 1,5 °C exige une neutralité en émissions de CO2 en 2050. Ainsi, selon Jean-Pascal van Ypersele, il faudrait "arriver le plus vite possible à des émissions nettes nulles de C02. Cela veut dire qu'il ne faut pas émettre plus de CO2 que ce que les systèmes naturels ne peuvent absorber." Or, "si on regarde l'état actuel, il y a encore beaucoup de travail à faire. Il faudrait, le plus vite possible, resserrer tous les boulons et avoir beaucoup plus d'ambitions", observe-t-il.
Le langage du prix
Enfin, les acteurs économiques devraient être mis devant leurs responsabilités, bien davantage que cela n'a été le cas jusqu'à maintenant. "Je crois qu'il va falloir accepter non pas la décroissance avec un grand D, mais la décroissance de certaines activités, celles qui sont liées à l'utilisation massive des combustibles fossiles", estime l'expert.
Pour arriver à cette réorientation de l'économie, "il y a un outil très puissant, un langage que tout le monde comprend, c'est le langage du prix". Si une activité moins vertueuse est plus chère, cela va inciter les acteurs économiques à aller vers une direction plus vertueuse.
Il y a de nombreuses façons d'appliquer ce principe du polleur-payeur, rappelle Jean-Pascal van Ypersele. Il est cependant très important de réfléchir à la manière dont les fonds qui sont récoltés – par exemple par une taxe sur le CO2 – sont réutilisés après. "Il faut aussi veiller à éviter les effets sociaux sur les plus pauvres, sinon on a les gilets jaunes, comme on l'a vu l'an dernier en France."
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